Transition de la fécondité à Dakar, à Ouagadougou et à Nairobi : une baisse identique à tous les âges, soutenue par un espacement de plus en plus long ?
Résumé
Les modalités de la transition de la fécondité en Afrique sont fréquemment débattues : alors qu’ailleurs, les pratiques de limitation du nombre d’enfants ont eu un rôle majeur dans la baisse de la fécondité, certains auteurs estiment qu’en Afrique, cette transition s’opérera différemment. En examinant le cas de trois capitales africaines - Dakar, Ouagadougou et Nairobi - où la fécondité est d’environ 3 enfants par femme en 2010-2015, ce chapitre vise à tester la prédiction de Caldwell et al. (1992) selon laquelle la fécondité en Afrique baisserait de manière similaire à tous les âges grâce à l’adoption de contraceptifs modernes. Il vise aussi à vérifier l’hypothèse de la préférence pour un espacement des naissances plutôt qu’une limitation de celles-ci du fait d’une précarité économique générant pour les individus une forte incertitude pour l’avenir. Pour ce faire, nous mobilisons les données disponibles pour ces villes depuis le début des années 1970 et étudions les changements dans les comportements reproductifs. Pour ces trois villes, l’hypothèse de Caldwell se confirme avec une baisse de la fécondité caractérisée par des réductions similaires à tous les âges. Les intervalles entre les grossesses augmentent partout et chez toutes les femmes, mais ils sont plus marqués chez les « élites », les femmes les plus instruites et les plus riches. À Nairobi, cet espacement des naissances est le facteur qui a le plus contribué à la baisse de la fécondité entre 1978 et 2010 – devant le report de l’entrée en maternité et la limitation du nombre d’enfants. Ce n’est aussi qu’à Nairobi que la contraception a été la principale stratégie de maitrise de la fécondité, et ce, à tout âge. À Dakar, le report de l’entrée en maternité est tout autant important que l’intervalle entre les naissances.
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