En juillet 2022, avec une équipe de recherche pluridisciplinaire, nous avons effectué une mission de terrain sur la côte nord-ouest du Maroc dans le cadre d'un projet de recherche sur l'origine et la dynamique des blocs rocheux sur la plate-forme rocheuse de Laghdira (Larache-Maroc). Cette mission de terrain à Laghdira comprenait la caractérisation de la géomorphologie, de la dynamique marine et de la géologie du site d'étude et de ses environs immédiats, la photogrammétrie par drone sur la plate-forme rocheuse et des mesures hydrodynamiques. Au cours de cette mission, à quelques centaines de mètres au sud de notre site d'étude des blocs rocheux, nous avons découvert une plage de poche rocheuse qui contient des dizaines d'empreintes de pieds fossilisées très visibles. Il s'agit du premier site côtier avec des empreintes humaines au Maroc, dans le sud de la Méditerranée et en Afrique du Nord. 85 empreintes humaines ont été découvertes sur ce site côtier dépourvu de restes squelette humains ou d'artefacts archéologiques. Ces empreintes sont réparties sur une surface de 4000 m² composée d'éolianite de sable fin à moyen. L'assemblage ichnologique de Laghdira comprend des pistes et des empreintes isolées qui sont préférentiellement orientées dans la direction WNW-ESE, qui est perpendiculaire à la ligne de rivage actuelle. Les statures et classes d'âge des individus ayant laissé ces empreintes ont été estimées à partir de leur longueur et de régressions expérimentales. Les empreintes de Laghdira dont la longueur varie de 12,7 à 30,0 cm (moyenne : 22,7 cm) correspondent à des tailles comprises entre 120,8 et 189,0 cm (moyenne : 160,0 cm) et aux différentes classes d'âge : enfants, adolescents et adultes. La surface rocheuse a été datée du MIS 5c ce qui rend importante la découverte des empreintes de Laghdira puisqu'aucun autre site n'a livré d'empreintes en Afrique du Nord et ces empreintes sont parmi les plus anciennes attribuées à l'Homo sapiens dans le monde. Leur étude apporte de nouvelles informations sur l'occupation humaine en Afrique du Nord au Pléistocène supérieur et permettra d'en savoir plus sur les comportements des individus qui les ont laissées.