, le récit autobiographique et la méditation, porte la marque de cette culture mixte. C'est aussi en vertu de cette curiosité large que Lévi-Strauss répond après d'autres à la commande de l'éditeur Skira de s'expliquer sur « les sentiers de la création ». Il en résulte La Voie des masques 37 (1975), livre abondamment illustré, en deux volumes. En quatrième de couverture du volume I, on lit : Qu'est-ce qu'un style, et même, qu'est-ce que le style ? À ce problème d'esthétique et d'histoire de l'art, un ethnologue se risque à proposer un élément de solution, qui conjugue la réflexion ethnographique inspiré par un art qui l'a toujours fasciné : celui des Indiens de la côte de l'océan Pacifique, en Colombie britannique et en Alaska, 1955.
, homme de science, égratigne le mythe occidental du Grand artiste, avatar de Dieu, mettant sur un pied d'égalité les peintures primitives de la Colombie britannique, oeuvre collective d'anonymes et l'oeuvre de Picasso. L'amateur de lettres, renoue pourtant avec l'élan vers le sublime
, écrivais-je en 1943, un lieu magique où les rêves de l'enfance se sont donné rendez-vous ; où des troncs séculaires chantent et parlent ; où des objets indéfinissables guettent le visiteur avec l'anxieuse fixité de visages
, unité supérieure promise par le poème « Correspondances » n'a pas disparu
, opère donc une transgression des limites ordinaires de la connaissance ; sans doute est-ce la raison pour laquelle cette aspiration survit très bien au recul des religions. L'Êtreau-monde s'est substitué à l'Être en Dieu. L'enquête proposée montre qu'elle trouve à s'exprimer davantage dans la poésie
, entre extension de connaissance et illusion, à tel point que certaines tentatives de désacralisation portent encore en elles une forme paradoxale du sacré. L'enjeu de cette recherche est le rapport entre langage et vérité, à mettre en lien, peut-être, avec des régimes d'utilisation, qui ne confondraient pas tout à fait le langage conceptuel de la communication et une pratique artistique accordée à l'expérience sensible du sujet humain Au sein de cette pratique, le jeu littéraire fait interagir la soif d'absolu et la conscience du relatif. Seule une parole de lecteur, comme performance verbale 38 , préserve ce jeu d'un retour sans recul critique à une image sacralisée de l'écrivain. Elle s'accorderait bien avec la leçon de Montaigne reprise par Lévi-Strauss, Toutefois la postulation à une parole supérieure reste entachée d'ambivalence Nous n'avons aucune communication à l'être 39
, deux volumes ; le texte sera repris avec une réduction des images et un texte plus long dans le volume de La Pléiade, qui rassemble en 2008 un choix d'oeuvres effectué sous le contrôle de l'auteur. L'édition est dite « revue, rallongée et augmentée de trois excursions », ce qui suggère en quelque manière, contre l'absolu de la Parole, 1975.
, Approches Interdisciplinaires de la Lecture, n° 12, à paraître, Histoire de Lynx, p.1878, 1985.
, Arrière-pays, 1972.
, Critique de la faculté de juger, 1995.
, Lire dans la gueule du loup Essai sur une zone à défendre la littérature, 2016.
, A la recherche du temps perdu, 1923.
, Et tant pis pour les gens fatigués, 2009.
, Essence de la critique ? Écrits sur Lessing [1797-1804], Villeneuve-d'Ascq, 2006.
, et sempervivum : l'écriture allégorique dans L'Amour fou d'André Breton, Le Roman de la lecture, 2004.
, Jeu et réalité ? L'espace potentiel, [1971], trad, Connaissance de l'Inconscient, 1975.