Marxisme et philosophie analytique : un essai de réconciliation autour de Cohen
Résumé
La philosophie analytique, associée au positivisme logique, a longtemps été hostile au marxisme, comme à la philosophie continentale en général, notamment pour son manque de rigueur : « Les paradigmes existants de la philosophie marxiste continentale sont affaiblis par une absence de définition attentive, d'argumentation claire et précise. » Réciproquement, les philosophes continentaux, notamment les marxistes, critiquent la philosophie analytique pour sembler indifférente à des thèmes qui leur sont essentiels, en privilégiant la résolution des problèmes spécifiques, à la réalisation de synthèses théoriques. Elle recherche avant tout la logique et s'oppose aux philosophies de la totalité. Le positivisme logique et la philosophie analytique ont souvent été caractérisés par les marxistes d'ahistoriques, de scientistes. Marcuse accusait notamment l'oeuvre de Wittgenstein de « sado-masochisme académique, d'auto-humiliation et d'auto-dénonciation des intellectuels dont le travail ne débouche pas sur des réalisations scientifiques, techniques ». Toutefois, avec la publication de Karl Marx's Theory of History : a Defence en 1978, Cohen franchit explicitement la barrière historique entre marxisme et philosophie analytique : « La présentation respecte deux contraintes : d'une part, ce qu'a écrit Marx, et, d'autre part ces critères de clarté et de rigueur qui distinguent la philosophie analytique du vingtième siècle. » Une telle approche semble s'opposer à la thèse traditionnelle selon laquelle les sources théoriques du marxisme sont la philosophie allemande, l'économie politique classique anglaise et le socialisme utopique français.
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