Prix versus quantités: les contorsions du marché de carbone européen - Université de Reims Champagne-Ardenne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs Année : 2015

Price versus quantities : the contortions of the EU ETS

Prix versus quantités: les contorsions du marché de carbone européen

Résumé

The European carbon market has been created to set a price to carbon emissions and to drive investments into low carbon technologies. Since its creation in 2015, and despite the successive cap restrictions, it experienced very low and volatile prices and thus failed to provide the expected incentives. As a consequence, the European Commission adopted several reforms, the main one being the creation of a market stability reserve. All these reforms try to control the price, but in an indirect way, through adjustments of the allowances supply. As a cap-and-trade instrument, the European market guaranties that the total emissions will not overtake the issued allowances — the cap. The trade is justified by the cost-effectiveness of the competitive allocation that it is supposed to reach. But contrary to a tax system, price uncertainty is intrinsic to allowances markets, to quantities instruments. Creating a competitive market because of the expected efficiency of its price setting and then trying ex post to regulate the price seems rather paradoxical. Furthermore, since this market is above all a financial market driven by derivatives, achieving price stability through ex post supply adjustments is a wild hope. Only a tax could provide the expected price stability.
Le marché du carbone européen a pour vocation de donner un prix au carbone, prix censé orienter une transition vers des technologies propres. Depuis sa création, il y a dix ans, il connaît des prix très bas et volatils qui, malgré les restrictions successives du plafond d’émissions, se sont révélés incapables de produire les incitations attendues. Face à cet échec, la Commission européenne a récemment entrepris diverses réformes, parmi lesquelles l’établissement d’une réserve de stabilité marchande. Toutes cherchent à contrôler le prix indirectement, en ajustant les quantités de quotas en circulation. Or, le marché du carbone est un instrument de cap-and-trade : il fixe un plafond (cap) qui garantit les réductions d’émissions souhaitées ; l’échange est alors justifié par l’efficacité des ajustements concurrentiels censés garantir que le cap sera atteint au moindre coût collectif. À l’inverse d’une taxe, l’incertitude sur le prix est donc constitutive de l’instrument. On peut alors s’interroger sur la dimension paradoxale de ces réformes : s’en remettre à un instrument marchand — au détriment d’une taxe — pour les vertus prêtées aux ajustements de prix concurrentiels, puis chercher ex post à administrer ces prix. On peut aussi douter de l’efficacité de ces mesures : le marché du carbone étant un marché avant tout financier, aucun ajustement en quantité ne donnera au prix la stabilité requise, stabilité que seule une taxe peut en théorie lui conférer.

Dates et versions

hal-02095869 , version 1 (10-04-2019)

Identifiants

Citer

Nathalie Berta. Prix versus quantités: les contorsions du marché de carbone européen. Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs, 2015, 18 (2), ⟨10.4000/regulation.11392⟩. ⟨hal-02095869⟩
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