La loi des forces vives : Balzac lecteur de Diderot
Abstract
Le concept de force est central dans la science de la dynamique à l’âge classique. Leibniz établit la loi ou le principe de conservation des forces vives, loi selon laquelle ce qui se conserve dans l’univers, c’est la force vive, c’est-à-dire le produit de la masse et du carré de la vitesse, loi qui s’oppose à celle des cartésiens pour lesquels ce qui se conserve dans l’univers, c’est la quantité de mouvement, c’est-à-dire le produit de la masse et de la vitesse ; je reviendrai sur ce débat entre leibniziens et cartésiens nommé la querelle des forces vives. La loi des forces vives conduit Diderot, dans sa réflexion sur les forces vives et forces mortes, à élaborer le concept d’énergie. Le concept de force est central dans l’œuvre de Balzac qui vise à penser la physique des forces comme le fondement de sa métaphysique des mœurs. Mais ce qui est également central est de corréler la notion de force à celle d’énergie pour en faire un modèle qui fait sens aussi bien dans la physique des molécules que dans la métaphysique des mœurs que Balzac, à la suite de Diderot, tend à penser en termes d’énergie des mœurs. Mon propos est de montrer que ce projet mis en œuvre dans La Comédie humaine aussi bien que dans les Études analytiques et, en particulier, dans la Physiologie du mariage est profondément inspiré de la lecture que Balzac fait de Diderot qui, le premier, a tiré le fil entre force et énergie pour considérer l’écheveau des mœurs.