, D'autre part, il est une leçon pour nous : par son refus de l'abstraction et de l'intégration de l'individu dans un grand mouvement conceptuel qui le dépasse complètement : c'est d'abord Hegel que vise Kierkegaard et son interprétation en termes de système philosophique et logique du christianisme. Mais c'est une leçon qui dépasse la polémique avec Hegel et l'idéalisme allemand : nous avons-nous aussi besoin d'une philosophie qui redonne sens aux grandes expériences humaines telles que l'angoisse, le désespoir, l'espérance, la joie et toutes les facettes de l'affectivité que les romanciers décrivent si bien, comme nous le montrent par exemple les beaux romans de la philosophe Iris Murdoch. Kierkegaard me paraît être un antidote contre toutes les formes de dogmatisme et un philosophe qui réhabilite le doute dans la démarche de la pensée. Il intègre les leçons du siècle des Lumières avec Lessing, Goethe, Schiller, ou Fichte, en même temps qu'il reprend les attaques menées par Hamann ou Herder contre une vision trop étriquée de la nature humaine, qui la réduit à la raison et oublie l'imagination, les passions et l'affectivité, Kierkegaard me paraît nous être d'autant plus précieux que ces interrogations ont été les siennes et qu'il a tenté d'y répondre

S. Kierkegaard, Journaux et Cahiers de notes, volumes 1 et 2. Traduction Else-Marie Jacquet-Tisseau mise au point par Jacques Lafarge. Paris : Fayard, 2007.

S. Kierkegaard and . Oeuvres-complètes, , vol.3, 1970.

J. É. Wahl and . Kierkegaardiennes, , 1967.

J. Colette, . Kierkegaard, «. Paris-:-gallimard, and . Tel, Bollnow O.F. Les Tonalités Affectives, trad. Lydia et Raymond Savioz Neuchâtel, 1953.

J. G. Hamann, Aesthetica in Nuce, trad. Romain Deygout, 2001.