, Correas dans son commentaire ne fait plus du tout allusion au travail; il apporte même un témoignage féminin: "[?] me dijo una honrada matrona, que enviudando recién preñada tuvo recio parto por faltarla la junta de marido, lo cual no la sucedió en otros partos antes » (une honnête matrone m'a raconté qu'ayant perdu son mari au début d'une grossesse, elle avait eu un accouchement difficile, ce qui n'avait pas été le cas lors de précédents accouchements, p.23

O. Correas, 260 a: Dicen las mujeres que tienen mejores partos si han uso de sus maridos estando preñadas

D. Carbón, 74 : Muchas veces he leído en los doctores que cuando la mujer sea propicia para parir use con su marido y esto es conforme con la razón porque el coito hace que la madre se lubrique

. Ibid, la muger ha de guardarse de allegarse con varón sobre todo en los primeros meses

J. Bouchet, . Par-exemple, and . Auteur-d'un-ouvrage-contemporain-de-celui-de-damián-carbón, Les triomphes de la noble et amoureuse dame et l'art de honnestement aymer, 1541) voir E. Berriot-Salvadore, p.139

O. Correas, Engrosse la femme, et embrasse-la et fais-lui, p.22

. De-même, y a la parida cada día, y a la que no pare hasta hacerla concebir para que venga a parir, Alzieu, R. Jammes, I. Lissorgues, 1975.

D. Carbón, , pp.44-55

, de Joana Fernández (fol. I) BNM: mss 1462; Receptas y memorias para guisados confituras olores aguas afeites adobos de guantes ingüentos medicinas para muchas enfermedades, BNM Ms 6058: toutes sortes de maux féminins ou infantiles y étaient abordés mais également toute une série d'aspects domestiques

, Untar los ojos que están encima de las renes con trementina muy fina. Tener hechos unos polvos de grassa y almáciga y sangre de drago de gota y coral roxo. Faxarla con este unto y volver a hacerlo en el tiempo que suele malparir 15 o 20 días antes. D'après Laguna le corail arrête le flux menstruel et soigne les humeurs blanches, Manual de mujeres, en el qual se contienen muchas y diversas reçeutas muy buenas, vol.56, p.558

O. Correas, 327b : femme qui a avorté doit être aussitôt enceinte ou elle sera stérile

E. Berriot-salvadore and O. , En ce qui concerne les efforts faits pour que les parents aient bon espoir d'enfanter un mâle, pp.2498-2513

E. Berriot-salvadore, 123 : c'était une théorie médiévale qui n'a

, En réalité, seule la forme du ventre renseigne sur le sexe de l'enfant, car c'est l'unique signe tangible, tant au regard de la médecine que de la sagesse populaire : la fille a une position basse -« La hija par de la vedija » -et naît rarement avant terme : « Más se detiene la hija en el vientre » 73

, Au moment de la parturition, la stigmatisation de la fille reprend de plus belle, si l'on peut dire, comme l'atteste une série de proverbes. « Hija tras varón quema como tizón, p.75

, Horozco apparaît chez Correas, sous une forme plus longue qui confirme l'expression d'une douleur physique beaucoup plus intense si elle est provoquée par la fille 76

. Dans-le-même-registre and . Du-maître, Ces proverbes semblent conceptualiser l'inévitable répercussion physique d'un principe moral : la servir l'image traditionnelle déjà évoquée au début de ce travail, en insistant sur l'aspect originel féminin du mal. Rappelons que les douleurs de l'enfantement sont, suivant la Genèse (III, 16), le prix à payer pour la maternité 78, La hija tras el varón arranca las telas del corazón, vol.77

O. Correas, Correas ajoute au premier proverbe une autre interprétation : « también que esté siempre la hija grande al lado de la madre, no se pierda de vista » (et aussi qu'on ait présent à l'esprit que la fille une fois grande reste auprès de sa mère). Le point de vue éducatif de Correas diverge de la lecture obstétricale qui nous semble la plus pertinente, p. 258b et p. 297a : la fille près de la vessie ; la fille reste plus longtemps dans le ventre

A. Laguna and :. Ii, 564: il fournit ainsi une explication rationnelle à une indication thérapeutique de Dioscoride sur la pierre de l'aigle, l'aétite

S. De-horozco,

O. Correas, a, complète ainsi «[?] y varón después de hija quema como fuisca. Esto es centella, p.240

. Ibid, 240 b: la fille après le garçon arrache le coeur

D. M. Zapata, las mujeres andan prevenidas de los dolores que han de pasar y así sabiéndolo no los temen" (les femmes sont prévenues des douleurs qui les attendent et ainsi ne les craignent-elles pas), vol.4

, D'ailleurs traditionnellement ces souffrances sont présentées comme une juste compensation (au regard de l'homme) car la femme est censée connaître un plaisir beaucoup plus intense lors de l'acte charnel. La comparaison est attribuée à Tirésias qui a été homme et femme

, Il semble sous-entendre que la mère oublie toutes ses peines à la vue d'un fils alors que la découverte d'une fille les lui rend plus aiguës. Cette même issue décevante est exprimée dans le proverbe bien attesté « Llevar mala noche y parir hija » recueilli par Horozco et Correas 81 . Le sens figuré, retenu à l'exclusion de tout autre dans les commentaires, confirme clairement que la naissance d'une fille symbolise un échec ou un sentiment de frustration, quel qu'en soit l'objet 82 . Médicalement, Damián Carbón donne une explication toute rationnelle à l'accouchement difficile : « La première cause [d'un de naître (d'être ?), de se séparer du ventre maternel ? Les discours sont bien convergents quoique établis sur des points de vue différents, Par ailleurs, Horozco en disant « Parto malo y hija en cabo » 80 rend compte plus fidèlement de la façon dont sont perçues les naissances

, Cependant déjà chez Damián Carbón une réflexion nouvelle apparaît concernant les soins hygiéniques et obstétricaux à prodiguer, parmi lesquels l'expulsion du placenta, en particulier, sera un objet important des discussions médicales 84 . Certains médecins, conscients des complications liées aux suites de l'accouchement, tentent d'imposer leur présence et de réduire le rôle de la sage-femme. Telle est l'intention de Damián Carbón, indiquée par le titre de son livre : l'auteur met en garde contre l'influence néfaste de ces femmes « comadres » sur le psychisme et sur la santé pendant et après l'accouchement. À côté des pratiques réservées au seul médecin, une série de consignes visant à régler la vie de la jeune mère porte sur l'alimentation, le repos, la propreté

S. De-horozco and . Teatro, 465 : accouchement pénible et au bout du compte, une fille ; cependant dans la glose il ne retient qu'un sens métaphorique, celui de l'effort pour atteindre la chose désirée qui se solde par un échec

, Passer une mauvaise nuit et accoucher d'une fille

J. Suñé-benages and R. Clásico, refrán que denota tener mal éxito un negocio o pretensión después de haber aplicado el mayor trabajo y cuidado para conseguirla, Joaquín Gil, p.183, 1930.

D. Carbón, , p.70

.. M. Ibid and O. Zapata, 78 et sqq. totalement confiant en la Nature et persuadé qu'il faut respecter la fonction dévolue par elle aux organes, dans le souci d'un soin où nutrition et éducation sont liées 85 . Selon toute attente, quelques proverbes recueillent ces aspects pratiques de l'hygiène de vie et non ce qui est du ressort des connaissances médicales. Correas exprime par une métaphore animale le grand appétit de la parturiente -« Donde salió borrego entra carnero » 86 -; ce proverbe renvoie à la tendance populaire, bien ancrée, qui consistait à gaver la jeune mère pour remplir le vide qui s'était fait en elle, la primera de las causas, pp.178-180

A. Laguna, que con diverso mantenimiento la mude su natural complexión y la dé a mamar juntamente con la rústica leche, agrestes y salvajes costumbres" (p. 163) (la femme qui, après avoir nourri neuf mois durant, dans ses entrailles et avec son propre sang, un morceau de chair à peine vivante, me semble condamnable quand, ayant accouché et voyant devant elle l'être humain, pour la seule raison qu'elle ne veut pas abîmer sa poitrine, elle le donne sans pitié à une grossière paysanne, qui, avec une nourriture différente changera son tempérament naturel, pp.163-164

O. Correas, p. 165b : D'où un mouton est sorti, rentrera un bélier

C. S-de-horozco, Tria sunt insaturabilia [?] infernus, et os vulvae, p.179

O. Correas, Le commentaire est édifiant : « Porque come mucho a causa de los hijos ; en las mujeres es lo propio, a quienes se aplica » (car elle mange beaucoup à cause de sa progéniture

A. Galante, Proverbes judéo-espagnols, Revue Hispanique, IX, 1902, 17, cité par E. O'Kane, Refranes y frases proverbiales, Anejos del Boletín de la real Academia española, II, Madrid, 1959, p. 183b: les unes enfantent et d'autres prennent le bouillon, p.82

, En revanche l'accouchement agit comme une purge qui rend la femme plus saine, d'après Jacques Sylvius, et réduit la tendance libidineuse. Cette croyance est suffisamment implantée pour donner matière à un jeu de question-réponse dans le Cancionero, Sepamos qué es la razón / que las hembras que no paren / muy más luxuriosas son, p.91

, L'intérêt moral est évident : la femme mariée et mère de famille mène une vie conforme à ce qu'impose la religion. Cela explique l'abondance des proverbes qui abordent l'éducation, les rapports entre mère et enfants et la place de la femme dans la maison

, Cependant l'intérêt qu'elle suscite pour son pouvoir sur la vie permet de comprendre qu'elle est perçue comme fondamentale, en dépit de toute l'idéologie qui tend à l'inférioriser, à la dévaloriser et à laquelle ces mêmes discours sont perméables. Elle domine, malgré tout, sans en être ni le maître ni l'auteur, la production scientifique et culturelle, production d'un savoir et d'une expression qui lui sont dédiés. C'est pourquoi ces écrits entrent dans un processus d'identification de la femme qui permet l'émergence progressive d'une identité d'autant plus véridique qu'elle y est saisie dans son aspect le plus intime. Certes la construction de cette identité se fait de façon passive ; mais elle implique une reconnaissance qui est avant tout celle d'un corps propre et dont l'homme, qui en est le lecteur, l'interprète, sent à quel point il est indispensable d'en comprendre le fonctionnement. On pourrait formuler toute cette attention en disant que la connaissance de la femme fait pleinement partie d'une certaine démarche humaniste. Cela est vrai en premier lieu peut-être pour le discours médical dont certains auteurs sont des pionniers en matière d'obstétrique mais aussi d'approche psychologique de la femme enceinte. Et si les médecins qui recommandent douceur et sérénité dans son entourage se fondent sur des principes encore marqués par une conception médiévale du psychisme ou tempérament féminin, il faut souligner leurs efforts pour s'affranchir des vieilles théories et lutter contre les fausses croyances, Dans les proverbes cités autant que dans les discours médicaux, la femme est constituée en objet, et non en sujet. Elle est la troisième personne d'un narrateur et d'un auteur masculin, si collectif ou objectif soit-il

. S-de-horozco and . Teatro, 95 : « En esto es muy diferente / la bestia de la muger /que quando la bestia siente / ser preñada no consiente / del macho tomada ser./ Mas la muger más honrada / no huie entonces la cara

S. De-horozco and C. , Voyons pour quelle raison les femmes qui n'enfantent pas sont beaucoup plus luxurieuses, vol.136, p.241

, cette démarche humaniste est sensible dans les corpus de proverbes étudiés. Car en plus de l'attention remarquable accordée aux proverbes touchant à l'éducation, et au rôle qu'y joue la femme, on observe, entre Horozco et Correas, un nombre grandissant de proverbes concernant la femme enceinte proprement dite avec des commentaires très explicites sur des sujets généralement tus, féminine, il fait une solennelle observation sur l'égalité originelle organique de tous les hommes ? 92 En second lieu

. Horozco, revêtent habituellement un ton critique, sont souvent bienveillants chez Correas, qui n'hésite pas à apporter ici ou là un témoignage féminin et, de cette façon, à laisser la femme s'exprimer plus directement. Le corps féminin qui fait peur, stimule aussi, de toute évidence

A. Laguna and . Ii, Y con ser hidiondo y pestífero el menstruo, sola la muger entre todos los animales, cada mes a él es subjecta, y lo que devría de abaxar y deprimir la sobervia humana, d'esta infectión pestífera, d'esta mesma hidiondez, como de propria materia, se conficionan y engendran los Reyes y Emperadores, que no caben en el mundo universo" (bien que les menstrues soient malodorantes et pestilentielles, la femme, parmi tous les animaux, est la seule qui y soit assujettie chaque mois; et ce qui devrait rabattre et humilier la superbe humaine est que de cette infection virulente, de cette puanteur, comme si c'était une matière appropriée, vol.590