« Mes livres de voyage » : 'Humain, trop humain' ou l’avènement d’une « nouvelle philosophie »
Résumé
Départ, voyage, distances et ruptures : le fait que Nietzsche use à cette époque avec insistance de telles images, ainsi que l’attention parfois excessive prêtée au contexte biographique, ont régulièrement conduit à considérer 'Humain, trop humain' comme un ouvrage de nature avant tout négative, comme un moment de renoncement et de critique radicale à l’égard de ce que Nietzsche avait jusque là professé ou admiré.
Les études rassemblées dans le présent volume mettent en évidence tout d’abord l’apparition, dans ces écrits de la seconde moitié des années 1870, d’un mode d’investigation nouveau, que Nietzsche caractérise tout à la fois, au début du premier volume, comme une enquête de nature « historique » (qui implique de considérer toute idée, tout croyance, plus fondamentalement toute valeur, comme n’étant jamais sans origine, et comme résultant d’un devenir complexe) et, métaphoriquement, comme une manière de « chimie des représentations et [des] sentiments » (c’est-à-dire comme un type d’analyse qui permet d’apercevoir que quelque chose peut fort bien provenir de ce qui semble contraire). A cette enquête qui dévoile que même ce qui semblait le plus vénérable n’est jamais qu’« humain, trop humain », Nietzsche donne également dès cette époque le nom de « psychologie » .