Les visages du vampirisme dans l'œuvre de Gustavo Martín Garzo
Résumé
Se donnant pour corpus un vaste ensemble de romans, de nouvelles et de contes merveilleux écrits par Gustavo Martín Garzo depuis ses débuts en littérature en 1986, l'étude cherche à montrer que le vampirisme déploie ses formes sur la totalité de son œuvre. Plus précisément, il s'agit de rendre compte des différents visages que le vampire en est venu à revêtir sous la plume de cet écrivain, tout comme des différentes modalités de vampirisme que celui-ci a pu cultiver tout en donnant particulièrement à voir, dans certains de ses textes, le processus de vampirisation en lui-même. Ainsi s'intéresse-t-on, dans un premier temps, à deux œuvres porteuses de la figure archétypale de la suceuse de sang, pour voir notamment dans l'une d'elles une allégorie de la barbarie installée en Espagne à l'époque de la Guerre civile. On s'oriente ensuite vers des formes moins sanguinaires et horrifiques de vampirisme. Le vampirisme psychique ou " énergétique " trouve son illustration sous les traits d'une bête insolite, capable d'envoûter un personnage qui verra en lui, à chacune de ses manifestations, une voie d'accès à un autre univers, à une autre réalité. Outre la dimension politique signalée, le vampirisme apparaît comme ce ressort de premier ordre par lequel l'écrivain questionne sans trêve l'herméticité des frontières, en l'occurrence celle qui est censée séparer la vie et la mort. À l'évidence, le vampirisme se place chez Martín Garzo au service de l'interrogation d'ordre existentiel qui sous-tend ses récits, tout comme il sert à rappeler combien l'amour et la mort ont partie liée. Au-delà, au vu des continuités qu'il s'emploie à tisser entre le genre humain et le genre animal, au vu aussi de ce lien avec les origines qu'il sait toujours ménager, c'est visiblement vers une réflexion sur la nature profonde de l'homme qu'il cherche à conduire son lecteur.