Lors de la énième "réélection" d'Omar Bongo en 2005, Ali Bongo avait eu recours à la métaphore du célèbre film western, Le bon, la brute et le truand pour octroyer à son père le rôle du "bon gangster". Cette métaphore s'éclaire aujourd'hui en miroir de son accession au pouvoir, marquée par un double "casse électoral" en 2009 et 2016. Ali Bongo inaugura alors l'ère du gangstérisme politique, qui use de la violence comme principal code éthique. Qu'advient-il d'un peuple lorsque ses droits sont constamment niés ? Il se trouve en déroute. Ne disposant d'aucune boussole axiologique, il s'installe dans le "nihilisme passif", intériorise - en dépit des agitations sur les réseaux sociaux - son statut de peuple asservi, signe de sa dépotentialisation, de sa dévitalisation, de l'érosion du potentiel nécessaire à son élévation. Il ne peut nourrir ni confiance en lui-même, ni espérance en l'avenir. Cet ouvrage s'inscrit dans la continuité de ma Lettre à la jeunesse gabonaise (2011). Il est constitué de chroniques qui analysent sans fard l'instauration au Gabon d'un régime politique assimilable au nihilisme d'État, lequel utilise trois principaux leviers : la menace militaire contre la population, l'annihilation du suffrage universel à travers de simulacres électoraux et la sujétion des institutions. Outre la riposte à la violence systémique d'un régime contempteur du droit, ces chroniques participent également de la stratégie de consolidation d'une culture intellectuelle de résistance dont l'enjeu est de combattre, avec des mots justes, les maux qui obstruent les chemins de l'avenir du continent africain.