Résumé : Avec Dubliners Joyce inaugura un véritable sous-genre littéraire qui prend la capitale irlandaise non seulement comme cadre au sens réaliste du terme mais comme source d'un mode de représentation particulier : la ville est à la fois figurée et prise comme figure. Ainsi, la carte de la ville devient une grammaire narrative qui détermine les destinées des personnages. Après lui, plusieurs générations de romanciers ont cherché à renouveler le roman de Dublin, en utilisant également la ville comme décor et en inventant à travers elle un nouveau mode de figuration : McGahern renouvelle l'opposition traditionnelle entre ville et campagne, Bolger se sert du gothique, Doyle privilégie l'oralité. Trois exemples de romans très contemporains sont examinés ici : The Parts de Keidi Ridgway, Authenticity de Deirdre Madden, The Swing of Things de Sean O'Reilly, afin de déterminer si les transformations économiques et sociales intervenues ces dernières années et qui ont profondément modifié les møe urs des Dublinois se sont à nouveau traduites par des évolutions des modes de narration et d'écriture : comme on le verra, la réponse est positive, confirmant l'hypothèse que c'est bien Dublin qui permet aux romanciers irlandais d'épouser le mouvement de la modernité et de la postmodernité.