H. Cela, Une motivation ayant comme finalité l'intention d' exacerber l'ambiance apocalyptique du passage et de souligner autant que faire se peut la singularité de l' événement qu'Huxley souhaite tirer au clair. Cet effet est atteint à l'aide de la technique qu'Huxley identifie dans Literature and Science comme un « déplacement systématique de l'attention du lecteur d'un ordre de l' expérience à l'autre » 26 . Car en interrompant sa narration pour relater comment « un ancien ami » a perdu sa femme atteinte d'une maladie mentale et pour offrir des conseils pour une bonne gestion des personnes en délire, Huxley n'a pas oublié qu'il essayait de traduire « l' événement ». Non, il ne voulait que le faire plus efficacement. Et il croyait pouvoir y parvenir en juxtaposant sa tentative pour décrire « l'ineffable

, Et il y a un autre effet, encore plus insolite, de cette digression sur « ce qu' on doit éprouver lorsqu' on est fou ». Les mécanismes en sont subliminaux. Ils consistent à masser l'imagination du lecteur jusqu'à le rendre sensible à l'idée que les portes de la perception peuvent être tellement immaculées qu' elles ne sont plus des portes ; qu'il est possible d'aller au-delà de ces portes, et d' entrer voire de devenir « les gouffres de gentiane insondable » que l' on voit dans un meuble de jardin psychotropiquement transfiguré. On est même en proie à l'idée que cette dissolution du soi puisse être permanente, qu'il soit impossible de retrouver le chemin de retour vers l'univers banal que l' on laisse derrière soi en entrant dans le « paradis de la perception purifiée, L'incongruité du parallèle servant non à obscurcir mais plutôt à mettre en évidence « une expérience d'une étrangeté sans précédent et autre qu'humaine » -ici, en l' occurrence, la Götterdämmerung qui se passait dans la véranda d'Huxley

. Bien-entendu, . Ceci-n'-Épuise-pas-ce, and . Qu, il y a à dire sur la manière dont Huxley essaie d'illuminer avec des mots « purifiés » « l'invraisemblance sauvage et l' étrangeté intrinsèque de l' existence ». Ni dans ce passage, ni dans l' essai qu'il contient, ni a fortiori dans ses autres oeuvres

, Conclusion Supposons qu'il ne soit pas injuste pour nous de nous arroger le droit de juger si Huxley a réussi, ou n'a pas réussi, dans sa tentative d' évoquer et de nous faire ressentir 25. Huxley, p.34, 1994.

. Huxley, , pp.18-19, 1963.

, OEuvres citées

H. Bergson, OEuvres bergsoniennes, 1984.

A. Huxley, The Doors of Perception and Heaven and Hell, On Art and Artists. London : Chatto & Windus, vol.VI, pp.1956-63, 1960.