Résumé : L’étude d’œuvres romanesques de langue allemande du début du XXe siècle (notamment H. Broch et T. Mann) montre combien la langue s’est trouvée placée au cœur des enjeux identitaires entre « Allemands » et « Slaves » pour pallier le soupçon jugé insupportable d’une possible superposition, voire fusion au sein du même, entre les uns et les autres. Les « Slaves » apparaissent donc comme des figures privilégiées de l’altérité intérieure, « primitive ». Ils sont mis à distance, mais leur proximité refait surface dans les romans, à la manière d’un élément refoulé qui s’impose malgré les dénis et autres réticences, prenant la forme même de la langue et des mots de l’autre.