Voyage en Orient : vers une esthétique du bizarre
Résumé
Nerval dans Sylvie parle des « bizarres combinaisons du songe », bizarrerie qui est au cœur de son expérience littéraire, et qui évoque, à notre esprit, l’importance que Baudelaire attachera à cette notion dans sa définition du beau . C’est assez pour attirer l’attention sur la place que le mot (sous sa forme adjectivale ou substantivale, « bizarrerie », voire adverbiale, « bizarrement ») prend dans Voyage en Orient. Cette place, Aurélia a posteriori la justifie au moins en partie, puisque le narrateur y parle de son intérêt pour les « mœurs bizarres des populations lointaines » : la bizarrerie, le bizarre ont partie liée avec le genre du récit de voyage. L’esthétique du bizarre, comme mise en valeur, voire comme théorie ou pensée de la beauté, du charme de celui-ci pour qui en fait l’expérience, reposerait sur une mise à l’épreuve de l’entendement et du jugement moral dont je verrai les modalités, après un bref parcours des types d’emplois du terme dans Voyage en Orient.