Le décorum de l'image sacrée : une interprétation française ? - Université de Reims Champagne-Ardenne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Dix-septième siècle Année : 2006

Le décorum de l'image sacrée : une interprétation française ?

Résumé

Dans le discours sur l’art qui s’élabore en France dans les années 1660, et dont les Conférences de l’Académie sont le lieu d’expression privilégié, la dimension théologique intervient sous deux formes. Sous forme positive, pour dire que la peinture exprime Dieu et son amour en le rendant visible à travers ses intermédiaires, la Vierge et les anges, selon un motif issu du concile de Trente et renforcé par la spiritualité française, qui devient un topos sur l’expression (ainsi dans la Conférence sur la Vierge au lapin de Titien par Boullogne, ou celle de Mignard sur la Sainte famille de Raphaël). Ou bien sous forme négative, pour censurer les abus comme autant d’écarts au décorum de l’image sacrée défini dans les traités italiens : Gilio (1564), Paleotti (1582), Borghini (1584), auxquels il faut ajouter le Flamand Molanus. Mais les Français, dont on sait l’hésitation à entériner les décrets du concile, sont tout aussi réticents à l’idée d’une théorie de l’art soumise à des motivations religieuses. C’est pourquoi, inversant la hiérarchie des traités italiens, ils privilégient la composante séculière du décorum et le déclinent en règles poétiques : composition, expression générale, fidélité à l’histoire (le peintre doit être érudit, mais pas spécialement pieux, tandis que cette exigence est primordiale pour les Italiens), théorie des modes et critique du mélange des genres. Alors que l’aristotélisme était mis au service de la religion en Italie, en France c’est l’inverse : on a l’impression que la religion sert de prétexte à l’élaboration de règles poétiques pour le bon tableau d’histoire, et permet un discours normatif qui ne s’intéresse pas foncièrement à Dieu, ou n’est religieux que par accident.

Dates et versions

hal-02917211 , version 1 (18-08-2020)

Identifiants

Citer

Emmanuelle Hénin. Le décorum de l'image sacrée : une interprétation française ?. Dix-septième siècle, 2006, L'Église et la peinture dans la France du XVIIe siècle. Les écrits d'ecclésiastiques, entre théologie et théorie de l'art, 230 (1), pp.81-99. ⟨10.3917/dss.061.0081⟩. ⟨hal-02917211⟩
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