L'epistre à Eustace Mourel de Christine de Pizan constitue l'un des deux seuls témoignages d'estime exprimés sur Eustache Deschamps par un contemporain qui nous soient parvenus. Et l'on constate que l'intérêt du destinataire a été éveillé, la ballade de 1242, adressée en retour par le poète champenois à sa "douce suer" lui formulant un éloge circonstancié, empreint de connivence. Pour limité qu'il soit (une seule interaction), ce mode de communication est récurrent dans l’œuvre des deux poètes. Or le corpus des lettres de Christine a reçu une attention critique qui fait défaut à Deschamps. L'intérêt que nous portons dans cette étude à ce dernier nous le révélera par cet aspect plus proche encore de sa correspondante. Nous verrons par quels procédés esthétiques Deschamps tire profit de ce rapprochement pour dresser un portrait original de son interlocutrice. Puis nous nous efforcerons d'établir une typologie de ses lettres en nous appuyant ponctuellement sur les critères retenus pour les textes de l'"éloquente muse".