, Nous comprenons que le dénouement est proche : le moment est venu pour Perceval de se débarrasser des derniers « oripeaux » de la chevalerie terrienne -celle-là même qui a provoqué la mort de ses frères et de son père -et de se tourner vers celui qui, par la confession

, L'ermite offre sans conteste une image sublimée du père : il est l'oncle de Perceval

. Cependant, il est un homme de religion, un prodome qui a consacré sa vie à la solitude et à Dieu : chez lui, les valeurs de la chevalerie terrienne ont été remplacées par les valeurs chrétiennes de la chevalerie « célestielle ». Par son intermédiaire, Perceval intègre la famille « spirituelle » des Chrétiens : il peut enfin « coïncider » avec lui-même et résoudre l'ancienne discordance entre ce qu'il était et ce qu'il était appelé à devenir. Nous ne sommes donc guère étonnée quand, en réponse aux questions de son oncle, il prononce pour la seconde fois son nom : -Ha ! Biax amis, la différence des autres « pères » que le héros a croisés sur sa route, pp.6171-6173

. Face-À-sa-cousine and . Le-jeune-homme-s'était-nommé-«-perceval-le-gallois, Ce prénom, singulier et unique, signale selon nous l'indépendance toute neuve du héros ; dans la gaste forêt, Perceval était en effet le « fils » ou le « sire » de quelqu'un ; mais dans la forêt de l'ermite, il accède à l'autonomie et même à « l'autonomination » : Chrétien de Troyes a renoncé au récit pour faire directement parler son héros. Libéré de son passé et de ses attaches, sûr de lui-même et de ses choix

L. Conte-du, Cette « quête de soi », nous l'avons vu, implique des ruptures successives : Perceval, comme tout vaslet, doit quitter le giron maternel pour suivre la voie du père et devenir chevalier. Sa route, cependant, ne s'arrête pas à l'adoubement et à l'acquisition du los (la « gloire »). Gornemant, Arthur, le roi pêcheur, apparaissent clairement comme des substituts du père qui apportent leur « pierre » à l'éducation de Perceval et l'aident à se « construire » ; mais le héros ne se fixe chez aucun d'entre eux : pour « coïncider » enfin avec lui-même, Graal offre des lectures multiples ; nous avons favorisé celle qui prend en compte l'accès du héros à son nom et à son identité

». Dieu-le-«-père, offre à Perceval l'image la plus sublime et la plus parfaite de la paternité ; il lui offre aussi la chance d'échapper à l'emprise des structures traditionnelles (sociales et/ou familiales) pour accéder au statut d'individu libre, autonome, que symbolise ici l'accès du jeune homme à son nom « propre ». La recherche du Graal, dont l'importance dramatique et symbolique n'est plus à démontrer, est bel et bien indissociable d'une « quête de soi » : d'étape en étape, Perceval a appris ce qu'étaient la chevalerie, la courtoisie, et a comblé les failles de son passé

, seuls la solitude et le silence que lui apporte l'ermite lui permettent enfin d'être en harmonie avec lui-même : le jeune homme « en devenir » peut, dès lors, renoncer à soi et se fondre en Dieu