, Blandine Perona étudie également la représentation vigenérienne du sommeil, vue par l'âge classique, essentiellement dans les Tableaux du Temple des Muses de Michel de Marolles. Elle cerne ainsi les modifications de la représentation du sommeil entre l'automne de la Renaissance et les débuts de l'âge classique : ce qui est mystère pour Vigenère est chimère pour Michel de Marolles ; d'un siècle à l'autre, le rationalisme chasse l'hermétisme. Emmanuel Buron étudie l'ode XIII du Printemps d'Agrippa d'Aubigné, poème qui se donne comme improvisé au saut du lit, au cours d'une crise d'insomnie suscitée par une envie de composer qui s'est imposée au poète pendant son sommeil. Il montre que d'Aubigné s'inscrit dans une tradition de la « dorveille », concept hérité de la capacité des chevaliers à atteindre en chevauchant des états de demi-sommeil et exploité dans la poésie lyrique des troubadours, puis par les poètes ou les penseurs de la Renaissance pour qualifier les rêveries de l'esprit flottant. Ce choix par A. d'Aubigné d'une écriture « sur le bord du sommeil » symbolise une poétique nouvelle, « libertine avant la lettre ». A. d'Aubigné rejette, en effet, les postures de l'écriture savante, fondamentalement diurne, tout comme les postures de l'inspiration, pour s'adonner à une poésie autobiographique, née de son imagination et se nourrissant de ses réminiscences, Macrocosme et microcosme semblent en effet régis par les mêmes lois. Mais le Vendômois n'oublie pas qu'Hypnos et Thanatos sont frères jumeaux dans la mythologie antique. Capable de délier ponctuellement l'âme et le corps du dormeur, le démon du Sommeil relie aisément les trois étages de la création

L. Enfin and . Statut-du-sommeil--ou-plutôt-«-des-»-sommeils--dans-l'astrée-d'honoré-d, Urfé est étudié par Laurence Giavarini suivant une problématique, héritée de Certeau, visant à comprendre de quoi le sommeil des bergers est l'expérience. Situé à la lisière de la narration romanesque, qu'il ponctue, et restituant les bergers en proie à la mélancolie à un mode commun d'existence, le sommeil devient le lieu d'un déchiffrement et surtout l'étape d'un cheminement. Non seulement les corps endormis sont donnés à lire aux personnages qui les contemplent, mais le sommeil devient l'occasion d'un déplacement au coeur des adresses de la parole, par exemple quand Céladon écrit une lettre à Astrée et la place dans la main de Silvandre toujours endormi (II, 3), quand Léonide vole à Céladon endormi les lettres d'Astrée qu'il a placées dans une sacoche (II, 7), ou quand le même Céladon place une nouvelle lettre dans la main d'Astrée elle-même