, Sed tibi quid feci, crudelis somne ? quid, inquam, Dure, meas frangis, somnule, delicias ? Te decuit, nostris olim devicte querelis, Lumina iam dominae deseruisse meae

, Anne deûm mentes an livor numina vexat, Quos iuvat et nostra commoditate frui ? Nam te, si invidia, crudelis somne, vacares, Par fuerit mores noctis habere bonos : Nox facilem cupido semper se praebet amanti, Pontano, Parthenopeus, vol.1, pp.33-41

, Mais que t'ai-je, fait, sommeil cruel ? pourquoi insensible, brises-tu mon plaisir ? La décence aurait voulu, que vaincu par nos plaintes, tu aies déjà quitté les yeux de ma maîtresse

, Qui se plaisent à jouir de biens qui sont les nôtres ? En effet, si tu étais exempt de jalousie, sommeil cruel, Il conviendrait que tu adoptes les pratiques de la nuit : La nuit se montre toujours, Serait-ce que l'envie tourmente les intelligences ou les volontés divines

, Hugues Salel dans son « Chant amoureux d'ung Vieillard » invite la belle à s'éveiller sachant que son amant soupire à sa porte 64

, Poème 133, édition citée, pp.174-75

/. Et-quotiens-raro-duxti-suspiria-motu and . Obstupui, Ne qua tibi insolitos portarent uisa timores. Neue quis inuitam cogeret esse suam (v. 27-30). « Et chaque fois que tu poussais des soupirs, avec de rares mouvements, je restais interdit, croyant à un vain présage

. H. Trad, . Izaac, and . Cuf, , p.205, 1961.

, Le poème d'Hugues Salel est cité par Thomas Hunkeler dans le présent volume : « Esveille toy, ô doulce ennemye, Esvelletoy, comment peulx tu dormir On reconnaît le motif du poids du sommeil pesant (gravas, v. 2) et l'évocation des membres blancs, formulée par Second de manière à rappeler la topique contemporaine de la blancheur de neige, qu'il exploite dans l'élégie 2, 4 (Membra Pyrenaea candidiora nive), mais aussi le froid de la mort, mentionné, et surtout pour faire contraste avec les ailes noires du Sommeil, l'antithèse des couleurs opposant la pureté immaculée de la jeune femme et la noirceur lubrique du dieu. Un dernier intertexte permet, enfin, d'apprécier la singularité de Second et son adaptation générique du motif, il s'agit d'une épigramme de Jules-César Scaliger : Aufugit mihi somnus, et imo agitata cubili Pervigil in lucem membra recursat Amor, Lentus es, an somnus, qui te male praebet amanti,/ verba dat in uentos aure repulsa tua ? « Est-ce insensibilité, ou bien le sommeil, malencontreux pour un amant, ferme-t-il tes oreilles à mes paroles qu'emporte le vent ? Mais, je m'en souviens, dans les débuts, quand je voulais me cacher de toi, tu restais bien éveillé jusqu'au milieu de la nuit. » Amours, vol.1, pp.41-42

. Somne, . Somne, and . Pater, Nudam armis quid opus teneram superare puellam ? Si te oculo tantum viderit illa

, Le sommeil m'a fui et Amour, qui veille jusqu'au jour, est revenu sur ma couche agiter mes membres jusqu'à la moëlle. Que puis-je espérer ? Ma Circia dort-elle ?

, Saichant l'amy a la face blesmye Pres de ton huys souspirer et gemir. ». H. Salel, OEuvres poétiques complètes, éd. H. Kalwies, pp.9-12, 1987.

, Second imagine par défi, les métamorphoses de Somnus, prenant l'apparence de dieux particulièrement séduisants pour séduire Venerilla 70 . Phébus est de toute évidence choisi pour sa beauté, évoquée par un détail unique, sa longue chevelure, mis en valeur par la dispositio de l'adjectif intonsi avant la coupe penthémimère et du nom capillos à la fin du vers. Mais l'assimilation de Phébus à Somnus est peut-être due à l'épisode lors duquel Apollon voulut séduire Cassandre endormie 71 . L'assimilation de Somnus à Mercure, désigné par son patronyme (Athlantiadis) conformément au goût de Properce pour les substitutifs allusifs du nom propre

, Emilie Seris oppose ces procédés d'adumbratio à ceux de la circumscriptio

, Cette capacité métamorphique du dieu est peut-être héritée des Métamorphoses où Morphée, « le plus habile imitateur de la figure humaine » (artificem simulatoremque figurae/Morphea, 11, 634), prend les traits de Céyx (in faciem Ceycis abit, 11, 653), pour apparaître à son épouse Alcyone pendant son sommeil

F. Hygin, Ob quam rem Apollo fecit ut cum uera uaticinaretur, fidem non haberet. « Cassandre, fille de Priam et d'Hécube, lasse à force de jouer dans le sanctuaire d'Apollon, s'y endormit, diton : Apollon ayant voulu l'étreindre, elle ne le laissa pas disposer de son corps, Apollon fit qu'on ne la crût pas, vol.93, pp.74-75, 1997.

, En intitulant le poète Somnium, les éditeurs songeaient peut-être à l'intertexte possible de Lucien qui rapporte dans un Songe le conflit entre Sculpture et Instruction, revendiquant chacune le futur homme de lettres. Mais le modèle de Second est de toute évidence la représentation dramatique de l'élégie 3, 1 des Amours d'Ovide, qui ne recourt par explicitement à la mention du sommeil et du rêve, mais dans une forêt antique, voit venir Élégie et Tragédie sous la forme de deux jeunes femmes 74 . Pour introduire les allégories, le poète antique dit uniquement « Venit ? Elegeia », par une objectivation maximale, mais il insère dans son poème des marques de subjectivité qui relèvent de l'enargeia onirique, mais rapportées ici au souvenir puisque l'apparition est décrite au passé : ainsi, il utilise le verbe puto (Et, puto, pes illi longior alter erat, v. 8 : « si je ne me trompe, une place réduite au Sommeil, associé à la mort, cependant plusieurs éditeurs accolleront à l'élégie 3, 7 la mention Somnium, absente de l'édition d'Utrecht de 1541 73

, Fallor, an in dextra myrtea uirga fuit), Amours, vol.3, pp.33-34

. L'élégie, si je m'en souviens bien, se prit à sourire en me regardant de côté

. De-même, Second introduit une incertitude : Talia dicebat, vel talia dicere visa est, vol.3, p.45

C. Cependant and . Ovide, De fait, il s'agit de définir un genre et non plus de faire référence à l'univers onirique du fantasme ; d'où une vision diurne et lucide et non plus liée aux désirs troubles et nocturnes de l'amour. C'est peut-être pour cette raison et aussi parce que l'Élégie est désormais associée à Mnémosyne que les éditeurs ont placé ce poème dans le livre 3 qui, congédiant la poésie érotique, fait la part belle aux poèmes encomiastiques et à la longue ekphrasis des tombeaux de Saint-Denis. Pour conclure, Second utilise de façon féconde les aspects contradictoires du sommeil : s'il cultive des motifs, qui sont quasiment devenus des « genres » à la Renaissance, comme le songe érotique qui lui procure la possession de Julie ou l'Ad somnum face à Venerilla endormie, il inscrit ces topoi dans une dialectique propre au recueil : revendiquant dans un premier temps, une phantasia onirique associée au fantasme et s'épanouissant dans le « dormir veille », Second met ensuite en scène sa victoire sur la torpeur mortifère du sommeil. À l'échec du sculpteur, p.364

, On consultera sur la mise en scène de ces personae génériques l'article d'A. Deremetez, « Visage des genres dans l'élégie ovidienne, dans Élegie et Épopée dans la poésie ovidienne (Héroïdes et Amours), pp.76-84, 1999.

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