, Lévi-Strauss propose en 1975 sa version dans La Voie des masques, livre qui prend pour objet d'étude les masques des Indiens de la côte Nord-Ouest de l'Amérique du Nord, masques échangés lors de cérémonies rituelles accompagnées de récits mythiques oralisés. La comparaison structurale des masques et récits oraux, d'après leurs retranscriptions, aboutit à un énoncé dont la rigueur frappe à nouveau : Quand, d'un groupe à l'autre, la forme plastique se maintient, la fonction sémantique s'inverse. En revanche, quand la fonction sémantique se maintient, Répondant plus directement à l'invitation de l'éditeur Skira qui publie de 1969 à 1976 vingt-six essais illustrés d'images sur « les sentiers de la création

, comme s'il était plus facile, peut-être, d'objectiver par les mots l'art pictural. La Voie des masques ouvre par ailleurs sur une interrogation critique. La multiplicité de ces masques qui ont rejoint les musées et dont la beauté égale les productions de grands artistes occidentaux, précisément fascinés par l'art dit primitif -Picasso notamment -, remettrait à sa place un art occidental et sa conception boursouflée du créateur. En regard de cette puissante réflexion sur l'art, il paraît néanmoins nécessaire de mentionner la fascination de Lévi-Strauss pour les grandes formes littéraires écrites. Il a plusieurs fois évoqué des écrivains admirés : Proust, Baudelaire, Montaigne?, autant d'auteurs dont les écrits présentent une forte implication subjective, Ces deux exemples sont pris dans les arts plastiques, hors du domaine de l'écriture

, L'enquête ethnographique se mêle au récit autobiographique dès les premières lignes, célèbres : « Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m'apprête à raconter mes expéditions

C. Lévi-strauss, Le livre est publié dans le volume OEuvres de 2008, où la présente citation figure à la page 937. Notons que cette version prive le lecteur de la contemplation des magnifiques reproductions de masques, La Voie des masques, vol.24, 1975.