Fiction, art et histoire dans Les Onze de Pierre Michon
Résumé
Le thème de « l’habit d’emprunt » nous invite à réfléchir sur la question de l’apparence trompeuse, autrement dit sur le problème de la représentation qui revient périodiquement en art et dont les racines sont sans doute platoniciennes. Le débat sur l’être et le paraître est aussi celui du rapport de l’écriture au réel et du statut de la vérité en art. On sait quel sort La République réservait aux arts d’imitation, poésie et peinture, chassées de la Cité.
Le roman de Pierre Michon, Les Onze (Verdier, 2009) raconte l’histoire d’un peintre fictif, François-Élie Corentin, et d’un tableau représentant les membres du Comité de Salut de Public peint par ce dernier au moment de la grande Terreur, au début de l’année 1794. Si la toile est elle aussi fictive, la période et les sujets appartiennent à l’Histoire de France, renvoyant à un patrimoine commun aux citoyens français. Le roman invite donc par ce jeu fictionnel à une méditation sur les rapports entre art, littéraire ou pictural, et Histoire.