Absalon ou la filiation orageuse : l’héritage aragonien dans l’œuvre de Jacques Henric
Résumé
Jacques Henric, qui appartint au groupe Tel Quel, fut l’un des fils spirituels d’Aragon avant de rompre spectaculairement avec lui au début des années 1970. Cette rupture orageuse, à la fois littéraire et politique, à la mesure peut-être d’une révolte un temps partagée, ne signe pas un effacement de la figure du Père. On peut suivre dans l’œuvre du cadet la permanence de la trace aragonienne sous deux formes. Les essais, au gré du mûrissement de leur auteur, ajoutent ou substituent à la charge, à la vision sélective dédaignant l’Aragon postsurréaliste, une réévaluation de l’œuvre saisie dans sa globalité. Dans les romans se fait jour une relation plus profonde et plus intéressante. L’invention d’un personnage de fiction, l’Absalon de Adorations perpétuelles, condense par exemple l’image du Père avec lequel on règle encore des comptes idéologiques, et celle que l’on continue d’aimer secrètement au point de chercher peut-être inconsciemment à l’imiter. Le traitement de cette figure fait en effet écho à certaines des inventions de Théâtre/Roman : récit spéculaire, transposition de la scène théâtrale dans la scène romanesque, méditation renouvelée sur les pouvoirs de la littérature.