« Feuilles volantes », « feuilles volatiles ». Les journaux de Marivaux dans l'histoire des « spectateurs » (1711-1734)
Abstract
Peu de journaux, dans l’Europe du XVIIIe siècle, ont suscité autant de traductions, d’adaptations ou d’imitations que le Spectator de Joseph Addison et de Richard Steele. Ce périodique, fondé à Londres en mars 1711, a d’abord connu en Angleterre un triomphe immédiat et d’une ampleur sans précédent. L’enthousiasme du public anglais a rapidement gagné le continent, et le Spectator a trouvé des lecteurs jusque dans les colonies américaines et en Russie. Ce succès international doit beaucoup à la traduction française du périodique, publiée en Hollande, à partir de 1714, sous le titre Le Spectateur ou le Socrate moderne. Relativement fidèle, documentée, complétée par des préfaces et un solide appareil de notes, cette traduction précoce est aussi demeurée, au cours des décennies suivantes, la plus diffusée à l’échelle européenne. Pourtant, elle témoigne déjà de choix et d’oublis volontaires qui orienteront la réception du journal anglais sur le continent.