De Maldoror aux Poésies. Extravagance et défi de lecture
Résumé
When examining the extraordinarily fruitful interpretive legacy of Lautréamont-Ducasse’s short but brilliant contribution to literature, one is inevitably struck by the two-winged release of both Chants de Maldoror and Poésies. While the eccentricity of Chants could apparently be subsumed if their unheard-of rhetoric was explained through the modern tools of linguistics and Freudian metapsychology, the formal and thematic negation introduced by Poésies dooms criticism to stray again between the hermeneutic models of axiological dialectics and formal dialectics. It appears that the second form of eccentricity, tougher and more productive than the first, is fostered by a particular figure which turns out to be shared by the whole oeuvre: the void, located in the gap between the two dissimilar wings, as well as in the difficulty one is faced with when trying to put together the arrière- texte of the poetical language.
Si l’on examine l’extraordinaire fécondité interprétative du météore Lautréamont-Ducasse dans le paysage littéraire, on ne peut qu’être frappé par le jeu à double détente, du volet Chants de Maldoror au volet Poésies. Alors que l’extravagance des Chants paraissait résorbable pourvu que leur rhétorique inédite soit appréhendée avec des outils modernes de la linguistique et de la métapsychologie freudienne, la négation thématique et formelle introduite par les Poésies condamne la critique à errer à nouveau entre les modèles herméneutiques de la dialectique axiologique et de la dialectique formelle. Il apparaît que cette seconde forme de l’extravagance, plus redoutable et productive que la première, se nourrit d’une figure particulière, finalement commune à l’ensemble de l’œuvre: le vide, logé aussi bien dans le hiatus séparant deux volets dissemblables que dans la difficulté à reconstituer l’arrière-texte de la parole poétique.