Aragon, lecteur de Baudelaire
Résumé
La relation à l'œuvre de Baudelaire est un des enjeux à demi-cachés de l'écriture aragonienne. Les nombreuses affinités démentent la posture distancée souvent adoptée par Aragon à l'égard de cet auteur. Le relevé de l'intertextualité permet de dresser la carte mouvante de la référence à son œuvre. S'il faut attendre l'évolution des années quarante pour que s'opère le retour explicite au poète des Fleurs du mal, héritier de la tradition, la passion critique du commentateur épargne toujours le poète en prose. Dans les textes romanesques surgit une dimension nouvelle de la relation, teintée de réversibilité. L'intertexte baudelairien y est associé à un dispositif d'autocritique et d'anamnèse (Henri Matisse, roman) et déjà, dans un mélange de dérision et d'hommage, à l'émergence du surréalisme, naissant des ruines de Dada (Les Aventures de Télémaque).