Théâtralité et art du dialogue dans Les Amours du chevalier de Faublas (1787-1790) de Louvet de Couvray - Université de Reims Champagne-Ardenne Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2009

Théâtralité et art du dialogue dans Les Amours du chevalier de Faublas (1787-1790) de Louvet de Couvray

Résumé

1 THÉÂTRALITÉ ET ART DU DIALOGUE DANS LES AMOURS DU CHEVALIER DE FAUBLAS (1787-1790) DE LOUVET DE COUVRAY Les romanciers du XVIII e siècle semblent avoir considérablement emprunté au théâtre afin de renouveler la poétique d'un genre dont les multiples formes témoignent de sa malléabilité. Le roman puise dans le théâtre où il trouve une matière pour le contenu (caractères, type de scène, sujets et visée morale) et pour la forme de son récit (effacement du narrateur au profit du dialogue entre les personnages). Néanmoins, le cas du roman-mémoires est, suivant cette perspective, tout à fait singulier, puisqu'il appartient à une catégorie de romans qui paraît la plus éloignée du genre dramatique. C'est pourquoi la théâtralité du roman-mémoires repose sur un paradoxe selon lequel un récit du « moi », qui se veut intime-narration à la première personne par un « je » qui raconte sa vie sous forme de mémoires-, s'ouvre au spectaculaire. Mais si la théâtralité de ce type de roman se manifeste à différents niveaux, celle des dialogues mérite une attention particulière dans Les Amours du chevalier de Faublas de Louvet de Couvray. En effet, la théâtralité de ce roman-mémoires repose, entre autres, sur la surabondance des dialogues qui allège et agrémente la lecture des mille soixante-trois pages de l'édition Gallimard. « C'est, ce me semble, où le personnage va parler, que l'auteur doit cesser d'écrire 1 », observe Louvet dans la préface de la troisième et dernière partie du roman. À l'exception de cette brève remarque, l'auteur ne donne aucune explication sur l'omniprésence des dialogues dans la narration et revendique les négligences qu'on y trouve, au nom du vrai, du naturel et de la simplicité 2. Il n'apporte pas davantage d'éclaircissement sur les dialogues dont les répliques sont disposées typographiquement comme dans une pièce de théâtre. À onze reprises, le récit romanesque devient momentanément dialogue théâtral. Le narrateur cesse de raconter et prend place sur scène où l'action se joue. Le passage du roman au théâtre a lieu, semble-t-il, aux moments les plus critiques des aventures de Faublas qui, soit impuissance à raconter la scène, soit désir d'en rendre la tension sensible au lecteur, préfère céder la parole aux acteurs. Dans ces passages, l'auteur paraît « ironiser sur le décalage entre le récit (qui ne sait pas peindre) et le dialogue (qui reproduit la vie) 3 ». Le dialogue est la forme de narration privilégiée chez Louvet qui l'emploie indifféremment pour un échange de quelques répliques ou une conversation qui s'étend sur dix-huit pages. On ne peut évidemment réduire la notion de théâtralité à l'importance numérique des dialogues dans le roman, mais on ne peut pas nier non plus la place considérable qu'ils occupent dans un genre qui habituellement ne déséquilibre pas autant leur rapport avec la narration. Il convient donc d'étudier leur fréquence, leur insertion (présence ou non d'incises), leur forme (intégrés ou détachés du texte), leur contenu (leur sujet), leurs fonctions et, surtout, leurs effets au sein du 1 Préface de « La Fin des Amours » dans Jean-Baptiste Louvet de Couvray, Les Amours du chevalier de Faublas, éd. par Michel Delon, [Paris], Gallimard (Folio classique), 1996, p. 50 [Toutes nos citations des Amours sont extraites de cette édition]. 2 « Quant à moi, je crois fermement qu'il n'y a point de naturel sans négligences, principalement dans le dialogue. C'est là que, pour être plus vrai, sacrifiant partout l'élégance à la simplicité, je serai souvent incorrect, et quelquefois trivial. C'est, ce me semble, où le personnage va parler, que l'auteur doit cesser d'écrire ; et néanmoins je me reconnais très fautif, s'il m'est souvent arrivé de permettre que madame de B*** s'exprimât comme Justine, et Rosambert comme M. de B***. » (Id.) 3 Préface de Michel Delon dans Les Amours, ibid., p. 18.

Domaines

Littératures
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02995149 , version 1 (09-11-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02995149 , version 1

Citer

Charlène Deharbe. Théâtralité et art du dialogue dans Les Amours du chevalier de Faublas (1787-1790) de Louvet de Couvray. Théâtralité et art du dialogue dans Les Amours du chevalier de Faublas (1787-1790) de Louvet de Couvray, 2009, CRIMEL, Université de Reims Champagne-Ardenne, France. ⟨hal-02995149⟩
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