À propos de l’intertexte Montchrestien dans « Théâtre/ Roman » : hypothèses sur un arrière-texte
Résumé
On connaît l’immense culture d’Aragon et sa curiosité littéraire. Il n’empêche : la place accordée à la tragédie de Montchrestien, 'Les Lacènes', au cœur de 'Théâtre/Roman', ne laisse pas de surprendre, tant la place de ce baroque écrivant à l’aube du XVIIe siècle demeure confidentielle dans les Histoires littéraires. C’est tout juste si certains grands moteurs de recherche identifient son nom. Sans le secours du fac-similé de l’édition Plon de 1891, la seule qui fournisse une version lisible des tragédies publiées en 1604, la lecture de Montchrestien tiendrait aujourd’hui encore de l’exploit. Mais vint Aragon et après lui quelques critiques avertis s’intéressèrent à l’énigme de ce réemploi. Il nous semble qu’un peu de place demeure pour risquer une hypothèse complémentaire.
Nous convoquerons pour développer cette approche la notion d’arrière-texte, avancée par Elsa Triolet, reprise à son compte par Aragon à la fin des années 1960 et redécouverte aujourd’hui comme une intuition féconde pour la recherche en littérature. 'Théâtre/Roman' représente un excellent outil pour aborder l’arrière-texte, notamment dans deux de ses dimensions : les circonstances et le corps, comme composantes du mécanisme de création.