Thomas Corneille utilise toutes les ressources de la scène pour faire rire d’un bourgeois ridicule dans son rêve de bergerie et créer une connivence entre le public et des figures de nobles s’amusant à entretenir ce dernier dans sa folle rêverie et jouant eux aussi à la pastorale pour mieux en dénoncer le genre. C’est aussi une sorte de tour de force scénographique : les jeux de langage et de déguisements se multiplient et quelques nobles finissent par se donner l’aspect de danseurs bouffons dans une entrée de ballet ; si l’on manque d’informations concernant les conditions matérielles de la représentation, on peut imaginer, pour certaines péripéties destinées à tromper Lysis, soit une machinerie élaborée, soit une machinerie si rudimentaire qu’elle ferait rire d’elle-même à l’instar du personnage principal dont le travestissement incomplet ne cherche pas à faire illusion. Par l’intégration dans l’action de la musique jouée et/ou chantée, cette œuvre préfigure la pastorale comique moliéresque et la comédie mêlée d’ornements et de musique.