Au Guatemala, l’année politique 2013 a été marquée par le procès pour génocide et crime contre l’humanité de l’ancien dictateur Efraín Ríos Montt, aujourd’hui âgé de 86 ans, et de son ancien chef des renseignements militaires, José Mauricio Rodríguez Sánchez. Au pouvoir de 1982 à 1983, Ríos Montt a été formellement accusé en 2012 d’avoir ordonné le massacre, dans trois villes voisines du département de Quiché, de 1 771 citoyens autochtones du peuple maya Ixil. Si l’exercice du pouvoir n’a été pour lui que de courte durée – il est renversé par un putsch un an à peine après son accession à la tête de l’Etat – il n’en constitue pas moins l'une des périodes les plus violentes d’une guerre civile qui a fait près de 200 000 victimes entre 1960 et 1996. Le procès qui a débuté le 19 mars 2013 faisait office de test pour un système judiciaire aux abois. Alors que la communauté internationale observait avec attention le déroulement de l’affaire, la justice guatémaltèque n’a guère été à la hauteur des espoirs placés en elle. En effet, le verdict historique du 10 mai rendu par le Tribunal de première instance, reconnaissant la culpabilité de l’ancien chef d’Etat et le condamnant à quatre-vingt ans de prison (cinquante ans pour génocide et trente ans pour crime contre l’humanité), s’est vu annulé par la Cour constitutionnelle à peine dix jours après. Certes, dans n’importe quel pays, un tel processus judiciaire est compliqué, prend du temps, et les progrès réalisés s’accompagnent de retours en arrière. Toutefois, la décision de la Cour soulève de nombreuses questions, notamment en raison des motifs invoqués par ses juges à l’appui de leur décision, et laisse planer le doute quant aux suites du procès.