Influence du système immunitaire comportemental sur la xénophobie et l’altruisme en temps de pandémie: Le cas de la crise COVID-19 - Cognition, Santé, Socialisation - EA 6291
Chapitre D'ouvrage Année : 2022

Influence of the Behavioral Immune System on Xenophobia and Altruism during a Pandemic: The case of the COVID-19 Crisis

Influence du système immunitaire comportemental sur la xénophobie et l’altruisme en temps de pandémie: Le cas de la crise COVID-19

Nassim Elimari

Résumé

Viren und Bakterien gehören seit Millionen von Jahren zur Umwelt des Homo sapiens und seiner Vorfahren. Es wird geschätzt, dass Infektionskrankheiten die Hauptursache für die Sterblichkeit in der Geschichte der Menschheit waren und mehr Leben gefordert haben als Kriege, Naturkatastrophen und nicht übertragbare Krankheiten zusammengenommen (Inhorn & Brown, 1990). Dieser starke Selektionsdruck führte zur Entwicklung ausgeklügelter Abwehrmechanismen gegen Infektionskrankheiten: das Immunsystem. Die Immunantwort des Körpers hat jedoch erhebliche physiologische Kosten und den Nachteil, dass sie erst nach einer Infektion auf Krankheitserreger reagiert. Parallel dazu entwickelte sich ein neurokognitives System, das als „Verhaltensimmunität“ bezeichnet wird, um das physiologische Immunsystem zu unterstützen. Es umfasst psychologische Mechanismen, deren Hauptbestandteil das Gefühl des Ekels ist. Diese Mechanismen fördern oder hemmen verschiedene prosoziale, schützende, zwischenmenschliche, sexuelle und moralische Verhaltensweisen (Schaller, 2006, 2015; Schaller & Park, 2011). Wenn die Bedrohung durch einen Krankheitserreger auftritt, neigen wir dazu, fremdenfeindlicher, ethnozentrischer, weniger gesellig und weniger altruistisch zu sein, um den Kontakt mit potenziellen Infektionsquellen zu minimieren (Terizzi et al., 2013; Thornhill & Fincher, 2014). Dieses Phänomen ist bei Personen mit besonders aktivem Verhaltensimmunsystem ausgeprägter, was sich durch eine erhöhte Neigung zum Ekel zeigt. Aus einer evolutionären Perspektive untersuchen wir die kontraintuitive Hypothese, dass dieses neurokognitive System (sowie dessen Hauptausdruck, der Ekel) ein viel besserer Prädiktor für Fremdenfeindlichkeit ist als Angst, Furcht oder Stress, die durch die COVID-19-Krise verursacht wurden. In einer Studie mit 1.521 Teilnehmern, die während der COVID-19-Krise online rekrutiert wurden, schlagen wir vor, dass der Anstieg der Fremdenfeindlichkeit und der Rückgang des Altruismus gegenüber Fremden besser durch interindividuelle Unterschiede im Bereich der Verhaltensimmunität erklärt werden als durch Unterschiede in Bezug auf Angst oder Stress als Reaktion auf die COVID-19-Krise. In Übereinstimmung mit den Hypothesen hatten Angst und Stress nur einen geringen Einfluss auf die Fremdenfeindlichkeit gegenüber fremden Männern und beeinflussten weder die Fremdenfeindlichkeit gegenüber Frauen noch Altruismus oder In-Group-Favoritismus. Im Gegensatz dazu verstärkte die Verhaltensimmunität signifikant den In-Group-Favoritismus sowie die Fremdenfeindlichkeit gegenüber Männern und Frauen und verringerte signifikant den Altruismus gegenüber Männern und Frauen, mit zwei- bis dreimal größeren Effektstärken als bei Angst und Stress. Der Einfluss des Verhaltensimmunsystems auf das Entstehen von Vorurteilen und die Mechanismen der prägenozidären Entmenschlichung wird diskutiert
Viruses and bacteria have been part of the environment of Homo Sapiens and their ancestors for millions of years. It has been estimated that infectious diseases have been the leading cause of mortality throughout human history, claiming more lives than wars, natural disasters, and non-infectious diseases combined (Inhorn & Brown, 1990). This strong selective pressure led to the development of sophisticated defense mechanisms against infectious diseases: the immune system. However, the body’s immune responses have a considerable physiological cost and have the disadvantage of only responding to pathogens after contamination. A neurocognitive system known as the “Behavioral Immune System” evolved in parallel to support its physiological counterpart. It comprises psychological mechanisms, with disgust as its primary affective component, which facilitate or inhibit various prosocial, protective, interpersonal, sexual, and moral behaviors (Schaller, 2006, 2015; Schaller & Park, 2011). When a pathogenic threat arises, we tend to become more xenophobic, more ethnocentric, less social, and less altruistic to minimize contact with potential sources of infection (Terrizzi et al., 2013; Thornhill & Fincher, 2014). This phenomenon is intensified in individuals whose behavioral immune systems are particularly active, characterized by a heightened propensity for disgust. From an evolutionary perspective, we explore the counterintuitive hypothesis that this neurocognitive system (and its primary affective output, disgust) is a much better predictor of xenophobia than the anxiety, fear, or stress, triggered by the COVID-19 crisis. In a study involving 1521 participants recruited online during the COVID-19 crisis, we propose that increases in xenophobia and decreases in the propensity to show altruism toward strangers will be better explained by individual variations in behavioral immunity than by individual variations in anxiety or stress in response to the pandemic. Consistent with the hypotheses, anxiety and stress had only a minor impact on xenophobia toward foreign men and did not influence xenophobia toward women, altruism, or in-group favoritism. Conversely, behavioral immunity significantly increased in-group favoritism, xenophobia toward both men and women, and significantly reduced altruism toward both men and women, with effect sizes two to three times greater than those observed for anxiety and stress. The influence of the behavioral immune system on the emergence of prejudice and pre-genocidal dehumanization mechanisms is discussed.
Les virus et bactéries font partie de l’environnement des Homo sapiens et de leurs ancêtres depuis des millions d’années. Il a été estimé que les maladies infectieuses ont été la principale cause de mortalité dans l’histoire de l’humanité, coûtant plus de vies que les guerres, catastrophes naturelles, et maladies non-infectieuses prises ensembles (Inhorn & Brown, 1990). Une forte pression sélective a ainsi amené au développement de mécanismes de défense sophistiqués face aux maladies infectieuses : le système immunitaire. Les réponses immunitaires du corps ont toutefois un coût physiologique considérable, et ont le désavantage de n’offrir une réponse aux pathogènes qu’après contamination. Un système neurocognitif appelé « système immunitaire comportemental » a ainsi évolué en parallèle pour soutenir son homologue physiologique. Il regroupe des mécanismes psychologiques dont la composante affective principale est le dégoût, qui facilitent ou inhibent divers comportements prosociaux, de protection, interpersonnels, sexuels, et moraux (Schaller, 2006, 2015 ; Schaller & Park, 2011). Lorsque la menace d’un pathogène se présente, nous avons ainsi tendance à nous montrer plus xénophobes, plus ethnocentrés, moins grégaires, et moins altruistes, ceci afin de minimiser le contact avec des sources potentielles d’infection (Terizzi et al., 2013 ; Thornhill & Fincher, 2014). Le phénomène est accru chez les personnes dont le système immunitaire comportemental est particulièrement actif, ce qui se caractérise par une propension exacerbée au dégoût. Dans une perspective évolutionniste, nous explorons l’hypothèse contre-intuitive selon laquelle ce système neurocognitif (ainsi que son output affectif principal : le dégoût) est un bien meilleur prédicteur de la xénophobie que l’anxiété, la peur, ou le stress provoqués par la crise COVID-19. Dans une étude portant sur 1521 participants recrutés en ligne durant la crise COVID-19, nous proposons que la hausse de la xénophobie et la diminution de la propension à se montrer altruiste envers des étrangers seront mieux expliquées par les variations inter-individuelles en termes d’immunité comportementale plutôt que par les variations inter-individuelles en termes d’anxiété ou de stress en réponse à la crise COVID-19. Conformément aux hypothèses, l’anxiété et le stress n’ont eu qu’un faible impact sur la xénophobie envers les hommes étrangers, et n’influençaient ni la xénophobie envers les femmes, ni l’altruisme, ni le favoritisme endogroupe. En revanche, l’immunité comportementale augmentait significativement le favoritisme endogroupe, la xénophobie envers les hommes et les femmes, et diminuait significativement l’altruisme envers les hommes et les femmes, avec des tailles d’effet deux à trois fois supérieures à celles observées pour l’anxiété et le stress. L’influence du système immunitaire comportemental dans l’émergence des préjugés et dans les mécanismes de déshumanisation pré-génocidaire est discutée.
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Elimari, N., & Lafargue, G. (2022) Influence du système immunitaire comportemental sur la xénophobie et l'altruisme en temps de pandémie Le cas de la crise COVID-19.pdf (418.53 Ko) Télécharger le fichier
Origine Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04733306 , version 1 (19-10-2024)

Identifiants

Citer

Nassim Elimari, Gilles Lafargue. Influence du système immunitaire comportemental sur la xénophobie et l’altruisme en temps de pandémie: Le cas de la crise COVID-19. Les épidémies au prisme des SHS, Editions des archives contemporaines, pp.75-82, 2022, 9782813004659. ⟨10.17184/eac.5992⟩. ⟨hal-04733306⟩

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