L’angliciste et le mal : la leçon d’Herman Melville et de William Styron
Résumé
Dans les pages qui suivent, un angliciste réfléchit sur un métier qu’il aime et qu’il exerce depuis de longues années. Comme nombre de mes collègues, j’ai ressenti au début une vocation. L’anglais et moi, cela a été une histoire d’amour qui s’est étendue aussi aux communautés qui parlent cette langue : l’Angleterre, puis les États-Unis. Et l’enseignement a été un moyen de faire partager cet amour en célébrant toutes ces petites et ces grandes choses que j’avais pu découvrir avec émerveillement : Charlie Chaplin, Mr. Bean, la musique cajun, Purcell, le nonsense, le fish and chips, etc. Rapidement pourtant, derrière tous ces points de civilisation, n’ont cessé de profiler des réalités plus sombres. C’est comme si la médaille avait un revers et que l’on ne pouvait échapper à la souffrance, au sang, à l’horreur, au nettoyage ethnique, au génocide. Je veux dire par là que la tâche du professeur est non seulement de décrire les pays étrangers, leurs diverses communautés, leurs cultures, leurs mentalités, mais elle est aussi de juger. Il y a des choses qui sont inacceptables.