L'Homme devant l'infini dans l'Exposition du Livre de Job de Louis de Léon
Résumé
Traducteur de livres bibliques et d’auteurs classiques, grecs et latins, maître de spiritualité et poète, Luis de León (1528-1591), combinant harmonieusement lyrisme et pensée philosophico-théologique, est l’un des principaux représentants de l’humanisme renaissant dans l’Espagne moderne. Parmi ses œuvres en prose, on distingue Des Noms de Jésus-Christ, considéré comme son œuvre capitale, ainsi que ses traductions de l’hébreu en castillan et ses commentaires exégétiques, tels que le Commentaire du Cantique des cantiques et le Commentaire de Job. Dans cet article, je me propose de montrer comment, dans le texte de Luis de León, interprète du Livre de Job, la réflexion sur soi-même que mène le personnage biblique s’articule dialectiquement avec l’aspiration à l’infini. On peut d’ores et déjà annoncer la valeur éminemment positive de la notion d’infini dans le commentaire de l’écrivain espagnol, en vertu de laquelle elle se trouve en opposition radicale à l’apeiron, un concept qui renvoie généralement, dans la philosophie grecque, à l’indétermination donnant lieu à la confusion et au chaos. S’intéresser au Livre de Job est pour un hispaniste d’autant plus naturel que ce texte a suscité un certain nombre de traductions et d’exégèses dans l’Espagne classique, à la Renaissance et au Baroque. D’autre part, le Commentaire de Job de Luis de León n’a pas été étudié auparavant selon l’angle d’approche qui vient d’être présenté.