“The invention of the invention”: archeology or ideology?
L’invention de l’invention : archéologie ou idéologie ?
Abstract
What means in the contemporary works of the humanities, the inflation of titles beginning with this ambiguous word “invention” ? It seems that an anthropology claiming having got rid of archaeological models praising “Greek inventors” would have to question the meanings of the paradigms of invention. But how can one get rid of an heurematographic archaeology as illustrated by the Altertumswissenschaft and the “Greek Miracle” paradigm ? While considering Gernet’s and Vernant’s use of “invention”, one may notice that they did not succeed in completely breaking up with a demiurgic and progressive interpretation of history. And if it is more evident in Loraux’and Detienne’s works that anthropology is aware of the self-referentiality of its methods, it may be shown that the project of a critical science of 'ideologies' cannot prevail as long as the promethean value of invention strengthens itself in the institution of contemporary research.
Comment expliquer l’inflation, dans les ouvrages des sciences humaines contemporains, de titres commençant par le mot ambigu d’invention ? L’anthropologie qui prétend en avoir fini avec les modèles archéologiques exaltant les « inventeurs grecs » peut-elle se dispenser aujourd’hui d’une réflexion sur le mot invention ? Mais comment se défaire de l’archéologie heurématographique dont l’Altertumswissenschaft et le « Miracle grec » sont les illustrations ? L’usage du concept d’invention chez Gernet et Vernant montre qu’ils ne sont pas parvenus à se défaire totalement d’une interprétation démiurgique et progressiste de l’histoire. Et, si chez Loraux et Detienne l’anthropologie prend conscience de l’auto-référentialité de ses méthodes, le projet d’une critique des « idéologies » n’aura pas pu s’imposer à l’heure où revient en force le paradigme prométhéen de l’innovation dans l’institution de la recherche contemporaine.