Cette étude a pour objet de revenir sur la notion de différence telle qu’elle est utilisée par l’anthropologie de l’École de Paris, à commencer par l’un de ses ouvrages inauguraux, la Cuisine du Sacrifice. Car il est urgent de s’interroger sur le fait que la différence lie, de manière obscure et même aveugle, un discours scientifique et impartial sur l’homme, au rituel sacrificiel, qui constitue le point de départ attesté de toutes les différences, à commencer évidemment par la différence des genres, qu’ils concernent le sexe, l’espèce, ou les formes poético-musicales. En effet, les genres continuent à orienter, encore aujourd’hui, les choix herméneutiques des anthropologues, même de ceux qui combattent les idéologies généalogiques et ethnocentriques ou les catégories dominantes. Quelle est la portée de ces points aveugles de l’anthropologie où science et rituel empiètent l’un sur l’autre ? L’originalité de cette contribution est d’examiner cette question en privilégiant l’angle d’attaque des genres méliques grecs anciens