Le Fou d’Elsa d’Aragon et En attendant le vote des bêtes sauvages, de Kourouma, traitent de façon très dissemblable la question de l’histoire et de la confrontation des cultures. L’article interroge la coupure entre modernité et postmodernité censée séparer ces deux œuvres. Il en analyse la complexité générique. La réflexion sur l’histoire passe par un poème narratif, d’une part, et, se lit, de l’autre, dans une variation sur la forme épique du donsomana, chant de l’Afrique de l’Ouest. La perversion de l’histoire par l’idéologie ne disqualifie pas cette science humaine, elle appelle à sa refondation à laquelle l’art peut contribuer par sa fonction critique. Le savoir esthétique, dont le statut reste sujet à controverses, ne peut de son côté se penser que comme savoir de la relation subjective au monde, un savoir éprouvé hors de toute abstraction et pensé en corrélation avec sa part irréductible de méconnaissance.