Fées cartésiennes ou fées newtoniennes - Université de Reims Champagne-Ardenne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Fééries. Études sur le conte merveilleux XVIIe-XIXe siècle Année : 2009

Cartesian Or Newtonian Fairies: Science And Marvel In The Tales Written By Two Of Rameau’s Librettists

Fées cartésiennes ou fées newtoniennes

Résumé

This analysis is based on two tales published in the 1740s written by two librettists who worked with the composer Rameau, Cahusac’s Grigri and Gautier de Montdorge’s Brochure nouvelle. It analyzes the combination of science and marvel, which have been stranger to each other in the fairy-tale literature until then. The outcome of this hybridization is a renewal of the tale, but also a weakening of the marvellous, which is forced to agree with a morality and a “philosophy of scientists”. Despite the criticism of erudition and the negative picture of the scientist, it seems that science drives the narrative scheme. The choice of names, inspired by science, programs the characters’ behaviours: fairy Cycloid, the opponent of Grigri, follows loops while sticking to the straight line which leads to the marriage between the queen and her lover. The argument in Brochure nouvelle consists in an experiment on young people, during which “difficulties” turn fairy Chicot into a dark character. The Enlightenment’s central topics are soon revealed: prejudice and superstition. The laws of physics are derided, together with the fairy’s whirls: errors are more numerous than truths. Even the traditional theme of impotence is contaminated by mathematical language or by a reference to the regeneration of Trembley’s polyp. In a context of suspicion, a new form of “philosophical tale” emerges, waiting for Voltaire to bring it to perfection.
En se fondant sur deux contes des années 1740, Grigri de Cahusac, et Brochure nouvelle de Gautier de Montdorge, l’un et l’autre librettistes du musicien Rameau, on examinera la combinaison de la science et du merveilleux, auparavant étrangers l’un à l’autre dans le conte littéraire. Qu’advient-il de cette hybridation ? Sans doute un renouvellement du conte, mais aussi un affaiblissement du merveilleux qui s’accorde avec une morale et une « philosophie des savants ». Malgré la critique de l’érudition et l’image négative du savant, il apparaît que la science oriente le schéma narratif. L’onomastique, inspirée des sciences, programme les comportements ; la fée Cycloïde, l’opposante de Grigri, décrit des boucles tout en suivant la ligne droite qui conduit au mariage de la reine et de son amant. Dans Brochure nouvelle, dont l’argument est une l’expérimentation sur des jeunes gens, ce sont les « contrariétés » qui font les noirceurs de la fée Chicot. Alors apparaissent les sujets essentiels des Lumières : le préjugé ou la superstition. La dérision est aussi jetée sur les tourbillons déclenchés par une fée, comme sur les lois de la physique : les erreurs sont plus nombreuses que les vérités. Même le traditionnel sujet de l’impuissance se trouve contaminé par le langage mathématique ou la référence à la régénération du polype de Trembley. Dans un contexte de soupçon, s’ébauche donc une forme nouvelle du conte « philosophique » que Voltaire portera à sa perfection.

Dates et versions

hal-02898839 , version 1 (13-07-2020)

Identifiants

Citer

Françoise Gevrey. Fées cartésiennes ou fées newtoniennes : Science et merveilleux dans les contes de deux librettistes de Rameau. Fééries. Études sur le conte merveilleux XVIIe-XIXe siècle , 2009, Le conte, les savoirs, 6, pp.87-105. ⟨10.4000/feeries.702⟩. ⟨hal-02898839⟩
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