Les « lambeaux sans ordre » de L'Indigent philosophe, ou le pari de la radicalité
Résumé
Il va de soi qu’aujourd’hui encore, la renommée du journaliste Marivaux auprès du grand public demeure très inférieure à celle du dramaturge Marivaux. Mais il serait faux d’affirmer que Le Spectateur français, L’Indigent philosophe et Le Cabinet du philosophe sont toujours considérés comme des textes mineurs. L’intérêt pour les journaux de Marivaux va désormais bien au-delà de la sphère des spécialistes, puisque des extraits de ces trois périodiques sont régulièrement proposés aux lycéens. Ces journaux sont donc désormais des textes lus, étudiés, commentés et utilisés. Mais l’originalité profonde des périodiques de Marivaux est-elle pour autant comprise par l’ensemble des lecteurs qui plébiscitent aujourd’hui ces trois textes ? Pour répondre à cette question, nous voudrions envisager ici le cas de L’Indigent philosophe, afin de montrer que ce journal traduit des choix très novateurs, sur le plan thématique ou formel, mais aussi du point de vue de la présentation matérielle et de la relation nouée avec le lecteur. Ces choix font à l’évidence de L’Indigent philosophe une expérience radicale. Mais, nous le verrons, ils traduisent aussi, de la part de Marivaux, une conscience particulièrement aiguë des possibilités de l’écriture journalistique.