Les analyses que Joseph Campbell a développées pendant près de quarante ans à l’université Sarah Lawrence de New York s’inscrivent à la croisée de deux courants majeurs du siècle dernier : la mythocritique et le structuralisme. Elles présentent cet intérêt de n'être pas exclusivement destinées à l’étude de la littérature. Certes, elles éclairent sous un jour radicalement nouveau les épopées de la quête dont on a l’habitude, à tort ou à raison, de faire des récits fondateurs de notre rapport à la fiction. Mais, au-delà des littératures savantes, la monomyth theory renouvelle profondément notre rapport à la culture de masse, notamment en mettant au jour la manière dont elle réduplique, transforme ou subvertit les principes de la high culture. Non seulement les travaux de Campbell ont ainsi joué un rôle essentiel dans l’élaboration des grands récits de cette pop culture dont Star Wars est un des chefs-d'œuvre, mais encore peuvent-ils servir aujourd’hui de base à des études qui, considérant que la littérature n’est qu'une production culturelle parmi d’autres, s’intéressent moins à la qualité formelle des œuvres qu’à leurs enjeux psychologiques, sociaux, anthropologiques.