D’Addison à Marivaux : le modèle du Spectator à l’épreuve des contraintes françaises - Université de Reims Champagne-Ardenne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Etudes Epistémè : revue de littérature et de civilisation (XVIe - XVIIIe siècles) Année : 2014

D’Addison à Marivaux : le modèle du Spectator à l’épreuve des contraintes françaises

Résumé

The present articles focuses on the freedoms that were taken by Marivaux when he wrote three French periodicals framed after Addison’s Spectator. The aim of this study is to show that rather than taking freedoms, Marivaux was rather constrained by the political, technical, professional, and cultural circumstances that long were a strain on the development of the French press. In the Spectator, Addison and Steele would cover topical, political and social themes in a straightforward manner, a feat that was just not possible in a French context. Although in the first six issues of the Spectateur français Marivaux provides a picture of the social life of the Parisian people, using the Spectator’s device of a rambling eidolon yet, he never narrates events directly. Scenes are reported in a roundabout sort of way ; the essays focus on side events that comment on the main unreported event. His essays may be polemical, scathing and to the point ; they may be prompt replies to an adversary’s attacks ; but they are always limited to the literary quarrels and debates admitted by French censorship.
Cette étude s’interroge sur les libertés que Marivaux a prises en adaptant en France le modèle du Spectator. Elle tente de montrer qu’il ne s’agit peut-être pas seulement, précisément, de « libertés » : pour une partie d’entre elles, ces transformations sont en effet subies, dans la mesure où Marivaux doit faire face aux contraintes politiques, techniques, professionnelles et culturelles qui ont longtemps freiné le développement du journalisme en France. Il lui est en particulier presque impossible d’aborder frontalement l’actualité politique et sociale, comme le faisaient Addison et Steele dans leur périodique. Certes, les six premières feuilles du Spectateur français peuvent malgré tout être considérées comme des chroniques de la vie sociale parisienne : dans ces premières livraisons, Marivaux, à l’image de ses modèles anglais, fait de son Spectateur un promeneur attentif aux scènes qui se déroulent sous ses yeux. Mais, même lorsqu’il tente de saisir l’actualité sur le vif, il fait le choix du détour et raconte les marges de l’événement plutôt que l’événement lui-même. Pourtant, Marivaux a bel et bien fait la preuve, dans ses trois journaux, de son goût pour un journalisme polémique, et pour une écriture mordante, incisive, engagée. Il est ainsi capable de réagir dans l’urgence, d’invectiver un adversaire et de modifier au dernier moment le contenu d’un numéro pour tenir compte de l’actualité. Mais il ne le fait que dans le cadre restreint, et autorisé par la censure, des querelles littéraires de son temps ou des débats qui l’opposent aux détracteurs de son style.

Dates et versions

hal-02902251 , version 1 (18-07-2020)

Identifiants

Citer

Alexis Lévrier. D’Addison à Marivaux : le modèle du Spectator à l’épreuve des contraintes françaises. Etudes Epistémè : revue de littérature et de civilisation (XVIe - XVIIIe siècles), 2014, Presses et transferts culturels / Curiosité et géographie, 26, 10.4000/episteme.306. ⟨10.4000/episteme.306⟩. ⟨hal-02902251⟩
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