Restauration panoramique. Balzac : la carte et le réfectoire
Résumé
Il est plusieurs voies pour traiter de la table dans la littérature panoramique et dans l’œuvre de Balzac : l’on s’attachera ici à penser la représentation de la table sur le mode de la relation de la table à la représentation, dans les deux corpus, liés entre eux par un processus de modélisation réciproque. Associée au geste inaugural de la littérature panoramique (Le Diable boiteux), et objet d’un certain type de représentation (de la topographie à l’archéologie moderne), la table, affaire autant de temps que d’espace, appelle une certaine forme de représentation, le récit, l’histoire, de vie, voire pour Balzac la forme de représentation par excellence, l’histoire naturelle des cœurs et des mœurs en action, projet de son nouveau roman et projection du nouveau diorama. Mieux, par un détour qui est aussi retour à la rhétorique antique, la tabula, associée à l’art de la memoria et du panorama, pourrait bien être ce qui donne forme à la représentation, voire, par une nouvelle alliance entre tabula, memoria et inventio, en devenir la condition : la carte mnémonique et panoramique précède le réfectoire. Bien plus, dans le contexte historique d’une révolution philosophique, elle transhistorique, la tabula rasa de la Terreur-Méduse, la table apparaît, par la nouvelle alliance susdite, fonction d’information, d’intellection, de re-présentation d’un réel sinon irreprésentable. Une fonction indispensable mais jetable : de Balzac à Perec, via Houellebecq, l’assomption de la table comme fonction signe aussi sa disparition. À tabula rasa, tabula rasée, mais en faveur d’un roman de la fiction pure, par un auctor, configuré en nouvel Ulysse. De la topographie à la topologie, de la topologie à la topique et à la poétique, tels sont le trajet et le menu proposés pour ce voyage panoramique autour de la table.