Les années folles d’Eustache Deschamps
Résumé
L’analogie de la période de l’entre-deux guerres du vingtième siècle avec celle du règne de Charles VI qu’accompagne Eustache Deschamps repose sur deux aspects qui, tout en caractérisant la production du poète, rapprochent ces temps éloignés par les siècles mais voisins par l’esprit. Tout d’abord, un aspect quantitatif, le poète écrit près de 1500 formes fixes, ballades, chants royaux, rondeaux et virelais, auxquels s’ajoutent de longs lais, des fictions allégoriques en vers, des pièces en latin et macaroniques, un traité d’art poétique, enfin, le premier de la tradition française. Un aspect qualitatif, ensuite, qui tient moins à la légèreté de thèmes abordés qu’au désordre induit par la folie du roi, dont l’absence mentale libère les ambitions, la soif de prestige et de pouvoir de la haute aristocratie française dans un élan d’individualisme égoïste à courte vue. Une partie de l’œuvre d’Eustache Deschamps, qui compose jusqu’à sa mort en 1405, s’inscrit dès l’avènement de Charles VI, en 1381, puis dans la longue trêve conclue par la diplomatie française avec les Anglais, de 1389 à 1413. On ne cherchera pas à tracer des parallèles historiques, ni à mener une étude comparative de la création artistique des XIVe-XVe et du XXe siècle. On se limitera à suggérer que ces « années folles », bornées par des conflits armés, mêlent, chacune à sa manière, un credo progressiste, fondé sur le bien commun, et un individualisme extravagant.
Origine | Accord explicite pour ce dépôt |
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