« Y être, c’est (encore) en être » : déclassement social et aspirations nobiliaires parmi les familles maintenues en noblesse en France sous la Restauration - Université de Reims Champagne-Ardenne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue historique Année : 2017

« Y être, c’est (encore) en être » : déclassement social et aspirations nobiliaires parmi les familles maintenues en noblesse en France sous la Restauration

Résumé

During the French Restoration, 111 families which were on the edge of the “Second State” at the end of the Ancien Regime succeeded in having their nobility officially confirmed, whereas 34 lineages were anoblished after asking for letters of confirmation of nobility. However, some twenty of these applicants were already engaged in a process of social decline which sometimes took roots in the last decades of the 18th century. This article focuses on the mechanism, forms and stakes of the socioeconomic downgrading of these peripheral members of the nobiliary world, who did not hesitate to spotlight their fragile situation as a consequence of their loyalty to the Bourbon dynasty and to use it as an argument to ask the royal administration for financial assistance, positions and honours as compensations for what they had endured during and since the French Revolution. It also stresses on the persistence of a strong desire for aristocracy among the French post-revolutionary elites: even if being noble was then a symbolic distinction above all, the applicants for such letter patents and their descendants still hoped that they could get more or less longterm profits if they legally reintegrated the nobility – whereas it obviously depended mostly on their ability to seize the financial, matrimonial, professional, public and mundane opportunities which were (unequally) presented to them in the 19th-century society.
En remettant en vigueur la procédure de maintenue en noblesse, la Restauration offre à des familles qui étaient encore aux portes du « Second Ordre » une officialisation de leur statut nobiliaire. Parmi les 111 familles qui ont ainsi été confirmées dans leur noblesse et les 34 qui ont été anoblies après avoir demandé des lettres recognitives, une vingtaine n’en est pas moins engagée dans un processus de déclassement socio-économique qui s’est parfois amorcé dès la fin de l’Ancien Régime. Il s’agit ici de réinterroger les mécanismes, les formes et les enjeux de la fragilisation socio-économique dans les marges de la nébuleuse nobiliaire à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, mais aussi de saisir l’instrumentalisation qui a pu en être faite – le déclassement, érigé en sacrifice consenti à la cause des Bourbons, devenant un argument pour solliciter secours, postes et honneurs compensatoires. Se donne également à voir la persistance d’un préjugé nobiliaire toujours vivace dans la société française, bien qu’il faille distinguer le caractère symbolique de cette réagrégation nobiliaire des profits effectifs qui ont pu en être tirés, à court comme à moyen terme, par ses bénéficiaires, lesquels restent conditionnés par la capacité de ces derniers à saisir les opportunités patrimoniales, matrimoniales, professionnelles, notabiliaires et/ou mondaines susceptibles de pérenniser leur maintien dans les groupes élitaires.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02964709 , version 1 (12-10-2020)

Identifiants

Citer

Bertrand Goujon. « Y être, c’est (encore) en être » : déclassement social et aspirations nobiliaires parmi les familles maintenues en noblesse en France sous la Restauration. Revue historique, 2017, 4 (684), pp.819-842. ⟨10.3917/rhis.174.0819⟩. ⟨hal-02964709⟩
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