Griselidis, ou le mythe de la femme parfaite
Résumé
La Bibliothèque bleue a joué un rôle très important dans la transmission de la mémoire culturelle aussi bien « savante » que populaire. De nombreuses figures ont même acquis leur statut littéraire à partir d’un livre de colportage. La terrible histoire de Grisélidis en est un exemple. Au carrefour des traditions savantes et populaires, son histoire épouse le canevas de la bergère et du prince. Après Boccace, Grisélidis est repris par Pétrarque qui la moralise. Et c’est cette interprétation qui sert de base au Mesnagier de Paris (fin du XIVe siècle) – Grisélidis y figure entre la romaine Lucrèce et la biblique Susanne –, mais également à des prédicateurs latins : l’histoire de Grisélidis est devenue un exemplum que les XVIe et XVIIe vont développer. Des amalgames originaux sont pratiqués notamment avec Jeanne d’Arc, tandis que la tradition, essentiellement bourgeoise à l’origine, va investir progressivement la sphère du peuple : les éditions bleues jouent certainement un rôle important dans cette évolution. Grisélidis, relevant à la fois de la mythologie romaine et chrétienne, va prendre place parmi les « femmes illustres ».
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