Autour de Mélusine, fille de la littérature et du folklore
Abstract
Au tournant des XIVe et XVe siècles, la fée Mélusine est l’héroïne de deux romans – l’un en vers, l’autre en prose - qui font entrer dans la culture savante cette figure fascinante de la culture folklorique et populaire. À la fois « défricheuse et bâtisseuse », pour reprendre ici les mots de Jacques Le Goff, la jeune épouse du chevalier Raymondin incarne les idéaux de l’âge féodal et le rêve de tout chevalier : régner sur un territoire prospère et donner naissance à une nombreuse descendance.
Mais Mélusine dépasse et transcende les limites du Moyen Âge occidental : incarnant un schéma récurrent et mythique, celui de l’épouse merveilleuse qui s’unit à un simple mortel, elle interroge le rapport complexe entre l’Autre Monde et l’ici-bas et traduit l’étrange perméabilité de la frontière séparant les vivants et les morts. Tour à tour adulée et rejetée, Mélusine illustre aussi l’ambivalence d’une littérature portant sur la femme un regard où se mêlent la crainte et la fascination. Enfin, plus fondamentalement peut-être, Mélusine soulève l’épineuse question du lien entre culture savante et culture populaire : quand le folklore païen devient matériau littéraire, sous les traits rassurants de la bonne fée surgissent parfois ceux de l’effrayante sorcière !
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