Dans l’Europe de l’après-1945, la Suisse opère une ouverture culturelle sur le monde, par le biais de la fondation Pro Helvetia et de ses activités à l’étranger. L’intellectuel Herbert Lüthy contribue à cette réorientation, en rédigeant un mémoire destiné à l’élaboration des lignes directrices pour la nouvelle fondation. Celle-ci prend racine dans l’esprit de la Défense spirituelle, formulé dans le Message du Conseil fédéral du 9 décembre 1938, afin de maintenir l’identité du pays pluriculturel et démocratique face à la pression qu’exercent les dictatures totalitaires. Dès 1945, il ne s’agit plus, pour la Suisse, de se défendre, mais de s’ouvrir. Les commentaires de l’actualité politique dans un journal saint-gallois publiés par Lüthy tout au long de la deuxième phase de la guerre, depuis 1942, mettent l’accent sur la question européenne. Pour le commentateur passionné des événements dans un monde bouleversé qu’est Lüthy, un renouveau de l’Europe reste toujours possible, malgré l’horreur de la guerre, si la culture européenne reprenait forme autour des deux pôles de la démocratie et de la liberté de la pensée.