Jeux d’Érôs dans la « Pharmacie de Platon » de Jacques Derrida
Abstract
Lisant le 'Phèdre' de Platon avec et au-delà de Jacques Derrida, Gabrièle Wersinger convoque l’approche philosophique et lexicologique pour interroger les notions d’écriture et de parole, de jeu et de lecture, rendues à leur complexité parfois indécidable. Sous le titre « La Pharmacie de Platon », Derrida avait transposé dans son texte de 1968 le mot pharmakon trouvé chez le philosophe grec, un « mot qui signifie à la fois remède et poison ». Le pharmakon / la pharmacie signale une difficulté féconde : le mot qui s’applique à l’écriture, au jeu et par extension, comme une sorte de joker, à d’autres notions, « ne se laisse pas saisir, conceptualiser, comprendre au sens critique ou philosophique ». Il est rebelle à la catégorisation, ce qui permet à Derrida de relire Platon contre le platonisme, ou encore Platon écrivain sous Platon philosophe, convoquant au passage le Saussure des anagrammes plutôt que celui de la linguistique. Se frottant au « jeu de la langue » écrite, « Platon serait à la fois le jouet et le joueur ». Mais cette lecture (écrite) de Platon par Derrida « semble omettre un détail important : le jeu pharmacologique est érotique ». Wersinger lit ici au-delà de Derrida, faisant retour à la parole de Socrate et à l’écriture de Platon pour prolonger plus que réellement contredire l’auteur de La Pharmacie. L’incorporation d’Éros, figure du sujet désirant, dans le jeu de cette lecture élargie amène à lui faire place dans tout discours : littéraire, philosophique, moral et même mathématique. (extrait de la préface, Alain Trouvé)
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Philosophy
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