School-aged children's understanding of metaphor: different levels of understanding?
La compréhension de la métaphore chez l'enfant d'âge scolaire : différents niveaux de compréhension ?
Résumé
La compréhension du langage est une compétence-clé pour de nombreux apprentissages scolaires, en particulier lorsqu'il est nécessaire de saisir des significations implicites comme c'est le cas par exemple avec les énoncés métaphoriques. Tandis que certains auteurs ont montré que les enfants pouvaient comprendre les métaphores dès 3-4 ans (Pouscoulous & Tomasello, 2019), d'autres ont mis en évidence une compréhension plus tardive, aux alentours de 8 ans (Deckert et al., 2019). Cette divergence pourrait se résoudre si l'on distingue différents niveaux de compréhension des énoncés métaphoriques. Cela rejoint une idée proposée par Ferreira (2003) qui a observé que les adultes traitent souvent le langage en utilisant des heuristiques qui leur permettent d'appréhender la signification des énoncés d'une manière suffisamment bonne. La compréhension ne serait pas soit correcte, soit incorrecte : certaines représentations vagues et incomplètes sont « suffisamment » correctes. Dans l'expérience présentée, nous avons étudié l'évolution de la compréhension des métaphores au cours de la période scolaire en adoptant cette conception théorique. Les adultes peuvent-ils traiter les métaphores, selon les conditions, de manière « fine » pour construire une représentation précise de la signification ou de manière « globale » en s'appuyant sur l'ensemble de la situation pour aboutir à une représentation suffisamment bonne ? Qu'en est-il des enfants d'âge scolaire ? Une distinction entre compréhension « fine » ou « globale » permet-elle de rendre compte de l'évolution de la compréhension chez les enfants d'âge scolaire ?
Dans l'expérience présentée, les participants (50 adultes et 50 enfants entre 6 et 10 ans) ont entendu de petites histoires se terminant par une métaphore. Une proposition de reformulation leur était ensuite proposée, dont ils devaient évaluer le degré de ressemblance avec la métaphore sur une échelle en 5 points. Pour chaque énoncé métaphorique (e.g., « Un papillon est un arc-en-ciel »), deux types de reformulations appropriées ont été distinguées : l'une, la reformulation « métaphorique », traduisait finement le contenu de la métaphore (e.g., « les papillons sont plein de couleurs ») tandis que l'autre, la reformulation « situationnelle », reflétait une prise en compte de l'ensemble de la situation évoquée (e.g., « les papillons sont de très beaux insectes »). Les données ont permis de mettre en évidence une interaction entre l'âge et le type de reformulation. Alors que les adultes jugent significativement plus ressemblantes les reformulations métaphoriques que les reformulations situationnelles, ce qui témoigne d'une compréhension « fine », cette différence est beaucoup plus faible chez les enfants, ce qui laisse penser qu'ils peuvent plus souvent se satisfaire d'une compréhension globale des métaphores. Ces résultats laissent penser que non seulement la compréhension progresse entre l'enfance et l'adulte, mais également qu'elle change probablement de nature, les enfants étant moins susceptibles de s'engager dans un traitement fin de la signification de la métaphore, le seul à même de leur permettre de distinguer les reformulations métaphoriques des reformulations situationnelles. La manière dont cette capacité à s'engager dans des traitements « fins » de la signification est encouragée et exploitée par les apprentissages scolaires reste à explorer.