Évaluation d'une stimulation sensori-tonique précoce sur le développement des interactions parent-enfant et la cognition sociale des grands prématurés : présentation du Protocole Hospitalier de Recherche Clinique « Cerveau, Attachement, Liens, Intervention, Neuroplasticité » (PHRC CALIN)
Résumé
En 2010, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) identifiait la prématurité comme « un problème de santé publique ». En 2018, elle ne recensait pas moins de 15 millions de naissances prématurées dans le monde, soit plus d’une naissance sur dix. De la même manière, le nombre de nouveau-nés survivant à une naissance très prématurée ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies grâce aux progrès en médecine néonatale. Cependant, ces « sauvetages » ne sont pas sans conséquences. Nombre de ces enfants présentent des comorbidités médicales mais aussi des difficultés neuro-développementales, en particulier un déficit exécutif et en cognition sociale. Ainsi, nombre de ces enfants présentent des comportements d’attachement insécure et des difficultés de régulation émotionnelle et comportementale. Des difficultés dans les apprentissages scolaires sont aussi souvent constatées. Plus le stade de prématurité est important, plus ces difficultés le sont.
Pour comprendre l’origine de ces difficultés, il faut s’intéresser au contexte de développement du nouveau-né prématuré. Pour sa survie, il est séparé de ses parents et pris-en-charge en Unité de Soins Intensifs Néonataux (USIN) constituant un environnement technique, stressant et potentiellement douloureux. Son cerveau en développement est alors exposé à des stimuli environnementaux inappropriés à son immaturité neurosensorielle, nommées « dys-stimulations ». Côté parental, l'idée d'une période postnatale idéalisée fait place à une expérience anxieuse – voire traumatisante. Une prévalence plus élevée d'anxiété parentale, de dépression postnatale et de trouble de stress post-traumatique a été observée chez les mères d'enfants nés prématurément, même jusqu'à 18 mois après la naissance. Parents et nouveau-né voient alors, pour des raisons différentes, leur capacité à interagir et à se rassurer profondément perturbée par la prématurité.
Ces dernières années, chercheurs et praticiens collaborent pour élaborer des interventions visant à améliorer les trajectoires développementales des prématurés. C’est dans ce cadre que le PHRC CALIN teste l’impact développemental de la stimulation sensori-tonique (SST), associée au peau à peau, pratiquée par un parent sur son nouveau-né grand prématuré durant l’hospitalisation. En plus de protéger les nouveau-nés prématurés des dys-stimulations habituelles, la SST enrichit l’environnement sensoriel du nouveau-né sur les modalités tactiles et kinesthésiques généralement sous-stimulées dans les USIN – alors même que le cortex sensori-moteur présente une plasticité dépendante de l'activité à cette période critique du développement. Ce type d’intervention est également corrélé à une augmentation des taux d’ocytocine et d’endorphines, aussi bien chez le nouveau-né que chez son parent, associé à un sentiment de bien-être pouvant représenter un facteur de protection contre la symptomatologie anxio-dépressive parentale.
Nous formulons ainsi l’hypothèse d’un impact positif de cette stimulation sur: 1) les interactions précoces parent-enfant évaluées à l’aide de l’échelle « Coding Interactive Behavior » – critère d’évaluation principale – à 12 mois d’Âge Corrigé (AC); 2) la maturation neurologique du nouveau-né à l’aide d’imageries cérébrales durant l’hospitalisation ; 3) le développement cognitivo-social à l’aide de questionnaires et d’évaluations neuropsychologiques standardisés à 15 mois (AC), 2, 4 et 6 ans ; 4) la symptomatologie anxio-dépressive parentale estimée à l’aide de questionnaires standardisés lors de la septième semaine postnatale.
Le recueil de données est en cours.
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