Barbarie, émotion et altérité : les affects « excessifs » de la slavité fin-de-siècle dans Les Noronsoff de Jean Lorrain
Abstract
Parmi les émotions collectives qui traversent le XIXe siècle français, on peut citer la peur, qui se traduit notamment par le mythe des invasions barbares. L’opposition érigée entre « civilisés » et « barbares » repose en bonne partie sur l’excès et le désordre émotionnels dont ces derniers se rendraient coupables. Jean Lorrain, dans son roman Les Noronsoff (1902), donne à la barbarie fin-de-siècle le visage de la slavité russe, comique et pathétique dans son outrance. Ce choix de la slavité, définie dans l’idéologie biologisante de l’époque comme une race déficiente ontologiquement et sujette à l’imitation et la métamorphose, illustre la fluctuation entre identité (civilisée) et altérité (barbare). La barbarie slave, qui conjoint les deux versants, extérieur et intérieur, de la barbarie (mythe des invasions étrangères, et intériorisation de la barbarie), révèle la crainte et la fascination que suscite le spectacle de flux émotionnels non canalisés, qui constituent un trouble miroir de soi.
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